Piqûres malveillantes : les recos

4 Juin 2022
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Ces derniers mois, en France comme dans d’autres pays européens, des personnes ont été amenées à consulter les services d’urgences, les centres de dépistages (Cegidd) ou les unités médico-judiciaires suite à de possibles piqûres d’origine inconnue en milieu festif ou autres. Dans un communiqué (mai 2022), la Société française de lutte contre le sida (SFLS) note que « les soignants-es en charge du conseil autour des accidents d’exposition au virus ont été largement sollicités-es dans ce cadre. Les décisions restent difficiles à prendre dans un contexte très médiatisé et très anxiogène pour les consultants-es ». la SFLS a donc choisi de « rappeler les recommandations de prise en charge post-exposition pour risque viral VIH/VHB/VHC en cas de lésion à travers la peau, adaptées au cas de suspicion de piqûre malveillante d’origine inconnue ». La société savante a donc publié des recommandations qui « ne concernent que les cas de suspicion de piqûre malveillante isolée. Les autres situations (perte de connaissance et/ou suspicion d’agression sexuelle et/ou suspicion de rapports sexuels non consentis) doivent être considérées avec un risque d’exposition viral différentié et bénéficier d’une prise en charge prophylactique adaptée selon les recommandations en cours ». Les recommandations sont centrées « sur le risque viral et l’indication du traitement post-exposition au VIH ». La SFLS rappelle que « le traitement post-exposition au VIH n’est pas recommandé en France en cas de piqûre avec une seringue abandonnée ou en cas de piqûre accidentelle avec une aiguille IM [intramusculaire, ndlr], SC [sous-cutané, ndlr] ou avec une aiguille non creuse avec une personne source de statut inconnu ». Ces recommandations tiennent compte : de la faible prévalence du VIH en France (estimée à 0,4 % chez les adultes de 15 à 49 ans) ; du fait que la quasi-totalité (> 90 %) des adultes connus comme vivant avec le VIH sont sous traitement antirétroviral efficace sans risque de transmission ; du nombre limité de personnes vivant avec le VIH ne connaissant pas leur infection, estimé à moins de 24 000 personnes en 2018 ; de la faible survie du VIH en milieu externe ; du fait qu’aucune contamination par le VIH n’a été observée après une piqûre accidentelle en dehors du soin. « Fort de ces éléments épidémiologiques et virologiques, nous considérons que le très faible risque de transmission du VIH ne justifie pas de la mise en place d’un traitement post-exposition du VIH dans cette situation de piqûre malveillante. En cas de doute, sur une situation exceptionnelle, un avis spécialisé peut être pris selon les modalités habituelles des services d’urgences, et en cas d’impossibilité de disposer de cet avis rapidement, un traitement post-exposition au VIH peut être débuté dans l’attente d’une réévaluation par une unité spécialisée dans les 48-72h ». Par ailleurs, la prise en charge initiale devra, entre autres, s’attacher à « réaliser un examen médical à la recherche notamment d’une trace d’effraction cutanée afin d’en évaluer le risque infectieux et d’établir un certificat médical descriptif » ;  « réaliser un prélèvement sanguin (bilan viral : sérologie VIH, VHB, VHC) ». Et la SFLS de compléter : Suivi du risque viral VIH, VHC et VHB : VIH : la prescription d’un TPE n’est pas indiquée si seule une piqûre  malveillante est
rapportée (sauf situations exceptionnelles). Un contrôle sérologique est recommandé à six semaines ; VHC : le risque de transmission est faible et il n’y a pas de prévention médicamenteuse. Un contrôle sérologique est recommandé à 12 semaines ; VHB : en cas de non-immunisation VHB (Ac anti HBs < 10 mUI/ml), il est recommandé de débuter une vaccination dans les 72 heures au mieux (maximum 7 jours). Il n’est pas recommandé d’administrer d’immunoglobulines dans cette situation.