Plainte d’une élue contre un militant

14 Juillet 2021
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Le 1er juillet dernier, Marc-Antoine Bartoli, ancien président d’Act Up-Paris, annonçait sur son compte Twitter être mis en examen suite à une plainte pour diffamation déposée par Hélène Bidard, adjointe à la Maire de Paris en charge de l’égalité Femmes-Hommes, de la jeunesse et de l'éducation populaire, élue communiste dans le 11e arrondissement. Le militant précise : « Cette plainte fait suite à des propos que j'ai tenus sur Twitter en février 2020 après la mort d'une travailleuse du sexe, Jessyca Sarmiento, au bois de Boulogne, afin de dénoncer le soutien politique de Bidard à la loi de pénalisation des clients et au mouvement du Nid ». Jessyca Sarmiento est une femme d'origine péruvienne, intentionnellement et mortellement renversée par une voiture conduite par trois hommes dans le bois de Boulogne, à Paris, le matin du 21 février 2020, six mois après son arrivée en France. Aucun suspect n’a été interpellé à ce jour. Ce meurtre intervient dix-huit mois après celui de sa compatriote Vanesa Campos, dans un contexte d'augmentation des violences contre les travailleuses du sexe qui est, selon les associations de défense des droits des TDS (non abolitionnistes), une conséquence directe de la loi de 2016 pénalisant leurs clients. L’échange de tweets en question au cœur de la plainte est toujours en ligne. Tout part d’un tweet de Joël Deumier (ancien président de SOS Homophobie et soutien de Anne Hidalgo lors des Municipales 2020) le 21 février 2020 : « Vive émotion après la mort de Jessica, personne trans travailleuse du sexe, fauchée par une voiture hier soir au bois de Boulogne. Cela illustre la précarité des personnes travailleuses du sexe. Pensée pour les proches de Jessica ». Tweet auquel Marc-Antoine Bartoli, alors président d’Act Up-Paris répond : « Ayez le courage politique d'impliquer @Helenebidard @ParisEnCommun dans ce massacre putophobe et transphobe en plein cœur de Paris ! Ce cynisme que vous alimentez, en subventionnant massivement le Nid, est sans nom ! #hypocrisie ». Hélène Bidard réagit à son tour : « Quel rapport entre cet effroyable crime et la subvention que @Paris verse au @MouvementduNid pour des actions de prévention de la prostitution dans les collèges ? Un soutien de la Ville parmi d'autres, par exemple à l'association @AcceptessT pour les personnes trans #diffamation ». Le Mouvement du Nid est une association qui milite pour l’abolition de la prostitution. D’inspiration catholique et membre du Comité catholique contre la faim et pour le développement, ce mouvement se définit aujourd'hui comme abolitionniste, féministe et souhaite le maintien de la loi de pénalisation des clients des TDS. L’annonce de cette plainte a suscité de nombreuses réactions de militants-es de défense des droits des TDS. Citons, par exemple, Gwen Fauchois (ancienne présidente d’Act Up-Paris) : « À gauche on continue d’emprunter les voies de droite ! Rappeler que la Manif pour tous est homophobe, que Pécresse ne respecte pas les décisions de justice, que Bidard soutient une politique qui tue les TdS, et hop  plainte en diffamation instrumentalisée pour tenter de baillonner ! » ou encore Sergio Coronado (ancien député EELV) : « C’est sérieux @Helenebidard ?! S’en prendre à une association de lutte contre le sida et à ses responsables?! Ce que @ma_barto écrit, c’est le bilan que les associations de terrain dressent de cette loi, qui fragilise et vulnérabilise celles et ceux qui vivent en se prostituant… ». Le 3 juillet, Hélène Bidard a commenté cette affaire sur son compte Twitter : « Mise en examen de l’auteur de tweets m’accusant notamment de la mort de Jessyca Sarmiento le 21 février 2020 au bois de Boulogne. Avec la Ville de @Paris, je continuerai à me défendre vs les propos diffamants & autres appels à la haine qui n’ont rien à voir avec le débat politique ». De son côté, Marc-Antoine Bartoli se veut combattif : « Merci pour vos messages de soutien depuis hier. Il est temps pour moi de livrer bataille contre les défenseurs-es de la loi de pénalisation des clients du #TDS, devant la justice puisque la situation m'y oblige ». Affaire à suivre…