Prep : de rares cas d'erreurs de délivrance

27 Février 2018
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Des cas d'erreurs de délivrance d'antirétroviraux pour la prophylaxie pré-exposition (Prep) ont été recensés par des associations (TRT-5, AIDES, etc.), qui ont alerté sur ce problème susceptible de conduire des personnes à prendre des traitements inefficaces pour la prévention de l'infection. C’est ce qu’indique une dépêche d’APMnews (23 février). Le seul traitement prescrit en Prep est l’association ténofovir disoproxil + emtricitabine (Truvada). Le Truvada existe en versions génériques. Des cas de délivrance en pharmacies de ville du ténofovir seul en version générique ont été rapportés sur le groupe Facebook Prep'Dial lancé par AIDES pour soutenir les personnes prenant une Prep. Or le ténofovir seul n’assure pas la protection (très efficace) que permet l’association ténofovir + emtricitabine. Interrogées par APMnews, le TRT-5 et AIDES ont fait état de cas de délivrance d'autres médicaments antirétroviraux à la place de ténofovir-emtricitabine. Sept cas d'erreurs ont été recensés par AIDES à ce jour : quatre délivrances d'un générique de ténofovir seul, un cas de délivrance de l'inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse abacavir (Ziagen), un cas de délivrance de l'antiprotéase darunavir (Prezista). Le dernier cas est moins grave puisque la personne a bien reçu l’association ténofovir + emtricitabine, avec du ritonavir (Norvir) en plus comme booster, mais inutile dans ce cas. Concernant le ténofovir seul, "l'efficacité est suboptimale, il n'est pas démontré que cela protège contre la contamination par le VIH", note un représentant de AIDES. Quant aux autres antirétroviraux donnés à la place de la bithérapie prescrite en Prep, il n’existe pas de données sur un potentiel effet préventif ; il y a même un risque de réaction d'hypersensibilité avec l’abacavir, puisqu’il n’est donné qu’après avoir fait au préalable un test génétique (il s’agit du typage HLA B5701) pour s’assurer que la personne ne sera pas hypersensible à cette molécule. Les erreurs rapportées sont survenues dans six officines de ville et une pharmacie hospitalière, précise APMnews. Les associations se refusent toutefois à être alarmistes. "Dans les cas qui nous ont été remontés, l'erreur a été vue soit immédiatement, soit dans les deux-trois jours, et il n'y a pas eu de conséquence grave", note-t-on à AIDES. Les associations soupçonnent que ces cas rapprochés dans le temps sont probablement liés à l'arrivée des génériques de Truvada. Le nombre d’erreurs est heureusement faible rapporté au nombre global de "6 000 à 7 000 personnes sous Prep en France". "Nous ne voudrions pas que cela génère un effet de défiance, ni vis-à-vis de la Prep, ni vis-à-vis des génériques", indique AIDES. Chaque cas est analysé pour comprendre d'où vient l'erreur. Interrogée par APMnews, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui a été informée par les associations, a indiqué qu'il s'agissait d'un "problème de pratique professionnelle" et a estimé qu'il s'agit d'une question du ressort de l'ordre des pharmaciens. De son côté, le Conseil national de l’ordre des pharmaciens (Cnop) a indiqué à APMnews que les pharmaciens auraient (23 février) une information sur ce sujet via les conseils régionaux, et qu'il communiquerait également via son site internet. AIDES travaille depuis quelques mois sur un guide à destination des pharmaciens sur la Prep. Ce guide réalisé en lien avec le Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française (Cespharm) sera distribué prochainement.