Prep : forte baisse des délivrances

15 Octobre 2020
3 578 lectures
Notez l'article : 
0
 

La nouvelle était prévisible, mais n’en demeure pas moins inquiétante, une forte baisse des délivrances de Prep a été constatée pendant et après la période de confinement liée à la crise de la Covid-19 nous apprend le site APMnews, dans un communiqué publié le 6 octobre. Cette information repose sur des chiffres issus des données de remboursement du système national des données de santé (SNDS) et présentés par Rosemary Dray-Spira, directrice adjointe du groupement d'intérêt scientifique (GIS) Epiphare (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé/Caisse nationale d'assurance maladie) (1). Ils révèlent que pendant la période de confinement, les délivrances de Prep ont chuté de 36 % par rapport à ce qui était attendu (estimé sur la base des chiffres de la même période en 2018 et 2019), passant de quelque 5 500 délivrances (par période de deux semaines) avant le confinement à environ 3 000, fin mars. Cette baisse était toujours visible entre la fin du confinement le 11 mai et le 13 septembre, avec -19 % de délivrances de Prep par rapport à l'attendu. Sur l'ensemble de la période, il y a donc eu un déficit de 27 435 délivrances de Prep par rapport à ce qui était escompté. En outre, alors que les initiations Prep étaient, avant le confinement, en hausse de 32 % par rapport à celles observées en 2019, une chute de 47 % par rapport à 2019 a été constatée pendant le confinement. Les initiations de Prep ont ensuite repris avec le déconfinement, mais n'ont pas récupéré la dynamique pré-confinement puisque la hausse n'était plus que de 14 % par rapport à la même période en 2019. « L'épidémie de Covid-19 a profondément et durablement déstabilisé l'utilisation de la Prep et le recours aux tests VIH en laboratoire », a conclu Rosemary Dray-Spira, de ces résultats. Les conséquences en sont potentiellement « importantes et inquiétantes », que ce soit pour le niveau de couverture préventive des personnes exposées ou pour le délai au diagnostic pour les personnes infectées. Interrogé par APMnews, le Pr Gilles Pialoux (chef du service des maladies infectieuses, Hôpital Tenon, AP-HP) a estimé que la baisse du recours à la Prep et aux tests était probablement multifactorielle, peut-être liée à une réduction des « sollicitations sexuelles et de la consommation sexuelle » pendant le confinement (cet aspect fait actuellement l'objet d'enquêtes), mais aussi et surtout au fait que « les sites [médicaux, ndlr] ne pouvaient pas prendre en charge les Prepeurs ».

(1) : Le groupe d’intérêt scientifique (GIS) Epiphare est une structure d’expertise publique en pharmaco-épidémiologie des produits de santé et sécurité sanitaire.