Prep : Truvada contre le Descovy

4 Février 2020
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L’arrivée d’une seconde combinaison de médicaments utilisable en Prep amène forcément cette question : laquelle privilégier ? Bien que le Descovy (association qui comprend une nouvelle version du ténofovir, une des molécules du Truvada), prétende apporter un bénéfice sur les potentiels effets indésirables, des médecins VIH américains reconnus demandent que le Truvada reste le premier choix de traitement pour la Prep. En d’autres termes, ils proposent de garder Truvada comme médicament de référence, à proposer à tous-tes pour la Prep… et pas la nouveauté. Dans un texte publié dans Annals of Internal Medicine, le 14 janvier dernier, les médecins avancent des arguments scientifiques (existence de preuves d’efficacité plus étendues et plus complètes) qui contrecarrent la stratégie de Gilead (qui fabrique Truvada et Descovy) : remplacer Truvada par Descovy, vendu plus cher. Cette tactique est connue. Elle consiste à présenter un médicament quasi-identique à l’ancien, peu avant la fin du brevet de ce dernier et, ainsi, le perpétuer dans le temps et en conserver le monopole. Le Descovy, d’ores et déjà disponible, coûte nettement plus cher que le Truvada, dont le brevet expire cette année aux États-Unis, ce qui permettrait à des laboratoires génériques de le fabriquer et de le vendre à des prix très bas (équivalent à 20 dollars par mois). La combinaison Descovy (avec le TAF, nouvelle version du ténéfovir) coûte 2 100 dollars pour la même durée de traitement. On pourrait donc penser que  l’avis tient d’une vision purement activiste voire politique de ces médecins, mais lorsque l’on regarde la littérature médicale sur les deux médicaments, le Descovy n’a pas été testé et donc approuvé pour son utilisation pour les femmes cisgenres. Dès lors, la promotion d’un nouveau médicament priverait ce public de recommandations d’utilisation spécifiques et sûres, avancent les médecins. En sus, la marge d’amélioration en termes d’efficacité entre le deux médicaments est faible, et au-delà d’une plus grande « pardonnance » en cas d’oublis de prise (difficultés d’observance), le TAF n’apporte pas de bénéfice supplémentaire en termes d’efficacité versus Truvada. Certes, il réduit l’impact possible sur les reins et le foie, mais de façon marginale. Par ailleurs, l’obligation d’arrêter Truvada du fait des effets indésirables sur les reins concerne un faible nombre de personnes.