Préservatifs : pas de ruptures en France

28 Avril 2020
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Cessation d'activités dans des usines, souvent situées en Asie, fabriquant les matières premières pour les médicaments ou des préservatifs, difficultés d'approvisionnement par les canaux habituels du commerce international, tensions créées par des effets d'annonce sur des médicaments supposés « miracle » contre le Covid-19. Assez rapidement, des tensions d'approvisionnement se sont fait jour, faisant craindre des ruptures de traitements (dont les ARV et les antiviraux) et de préservatifs. Dès les premiers signes de tensions, des ONG sont montées au front. C'est le cas de AIDES qui a régulièrement, notamment au sein du collectif France Assos Santé, interpellé les pouvoirs publics à ce sujet et tout spécialement l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Le 10 avril dernier, AIDES publie un communiqué qui « demande des garanties face aux risques de rupture », dans un contexte de possible pénurie de préservatifs et d’antirétroviraux. Un peu plus tôt, l'Onu avait alerté sur les conséquences d'une « pénurie mondiale désastreuse de préservatifs en raison d’une baisse de production du principal fabricant, liée au Covid-19 ». « En tant qu’association de lutte contre le VIH et les hépatites, nous sommes particulièrement inquiets de la situation, mais aussi du silence et du manque de transparence dont fait preuve l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Dans le même temps, le manque d’informations disponibles sur les stocks d'antirétroviraux, utilisés par les personnes séropositives et (en antiviraux) pour les personnes vivant avec des hépatites, nous alarme particulièrement », expliquait alors l'association. AIDES avait d'ailleurs écrit, le 9 avril, au ministre de la Santé « l’enjoignant à communiquer de manière transparente sur les stocks dont nous disposons et à agir en fonction des risques de pénuries ». Finalement, à la suite de relances et de réunions, l'ANSM a indiqué à Aurélien Beaucamp, président de AIDES, qu'elle « n'a pas identifié de risque de pénurie de préservatif, ni même de risque de tension d'approvisionnement » concernant les préservatifs en France. « Nous avons en effet sollicité les acteurs qui fournissent les préservatifs pour le marché français (1) : d'après leurs informations leurs stocks respectifs sont conséquents. De même, ils n'ont pas connaissance de blocages ni dans la fabrication, ni dans la livraison des préservatifs par les usines situées en Chine, en Malaisie ou en Thaïlande » a précisé l'ANSM. Concernant les médicaments, l'Agence nationale de sécurité du médicament organise ces prochains jours une réunion sur la couverture des besoins sanitaires en médicaments dans le contexte actuel. Elle a d'ailleurs sollicité des associations, dont AIDES, pour y participer. Une première réunion de ce type s'est tenue le 13 mars avec des représentants-es de patients-es et d'usagers-ères et de professionnels-les de santé. On devrait donc en savoir plus concernant la disponibilité actuelle et dans les mois à venir des ARV et des antiviraux. A ce stade, l'ANSM a fait état de tensions concernant Kaletra, mais pas de problèmes significatifs concernant les spécialités médicales utilisées dans la prise en charge du VIH et des hépatites virales. De son côté, le TRT-5 (dont AIDES est membre) a eu connaissance de tensions sur Prezista. Le site du collectif propose d'ailleurs, depuis 2010, un observatoire des ruptures d'approvisionnement que pourraient rencontrer les personnes suivies pour le VIH et les hépatites qui permet de renseigner les cas, de quantifier les problèmes et de travailler avec les laboratoires et les pouvoirs publics (dont l'ANSM) pour y pallier.
Enfin, ajoutons que plusieurs organisations (AIDES, le Collectif Inter Urgences, l'Observatoire de la transparence du médicament et Act Up-Paris) ont fait une saisine, le 15 avril dernier, du Comité consultatif national d'éthique (CCNE), afin que ses membres se saisissent d'un enjeu majeur : les réponses éthiques à apporter aux pénuries de ressources vitales, dont les médicaments. « Parmi ces réponses doivent figurer des recommandations pour que l’État organise la planification industrielle, les réquisitions, la réaffectation des lignes de production non essentielles, le contrôle des exportations, la coopération et la solidarité européennes et internationales », indiquent les organisations parties prenantes.

(1) : Lid Soft (Importateur & distributeur des préservatifs de Karex), laboratoire Majorelle (fabricant des préservatifs Eden), laboratoire Polidis (fabricant notamment des préservatifs Sortez Couvert !)