Prestations sociales : quelle réalité au quotidien ?

9 Octobre 2018
4 100 lectures
Notez l'article : 
5
 
0

Ces derniers temps, il a beaucoup été question des prestations sociales, de leur augmentation ou pas, de leur indexation (ou non) sur le coût de la vie, des taux (souvent impressionnants) de non recours à ces dîtes-prestations. Autrement dit, des personnes pourraient percevoir des aides qu’elles ne demandent pas : faute d’informations ou dissuadées par la complexité des procédures. Mais on a aussi parlé du fait que le gouvernement considère que les prestations sociales sont une nouvelle piste pour réaliser des économies budgétaires. D’autant que le président de la République avait regretté que ces prestations sociales coûtent « un pognon de dingue (...) alors que les gens pauvres restent pauvres ». La présentation (13 septembre) de la stratégie de lutte contre la pauvreté avait déjà donné quelques informations. La présentation, fin septembre, du projet de budget pour 2019 et dans la foulée celle du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS 2019) ont permis de préciser à quelle sauce ont été accommodées les prestations sociales. Et pour vous comment cela se passe-t-il ? Quelles sont les conséquences dans votre vie quotidienne des choix gouvernementaux ? Comment améliorer la situation ? C’est autour de ces questions qu’on vous propose d’échanger pendant le chat thématique du mardi 9 octobre, à partir de 21 heures, en compagnie de Diane-Seronet.

Commentaires

Portrait de jl06

Frais de santé : un million de Français s'endettent pour se soignerPar Auteurvaleursactuelles.com / Mardi 9 octobre 2018 à 16:287Image d'illustration. Photo © NICOLAS MESSYASZ/SIPA 

Précarité. Près d’un Français sur trois affirme avoir déjà renoncé à se soigner pour faire des économies.

La France dispose d’un système de santé parmi les plus efficaces au monde. Une qualité de soins qui s’en ressent par des coûts toujours plus élevés, malgré les remboursements de l’Assurance maladie et des complémentaires santé. Selon un sondage de l’Institut CSA pour Cofidis, plus d’un Français sur deux (57%) a constaté une hausse de ses dépenses en matière de santé ces cinq dernières années, rapporte Le Parisien ce mardi 9 octobre.

Les retraités frappés de plein fouet

Les Français consacrent en moyenne 715 euros à leur santé chaque année, dont 232 euros restant à charge. Un coût conséquent pour nombre de ménages, au point qu’un tiers des sondés reconnait avoir déjà renoncé à se soigner pour réaliser des économies. Un Français sur cinq affirme ainsi avoir eu des difficultés à faire face à ces frais de santé, tandis que selon l'enquête, ils sont près d’un million (2%) à avoir contracté un crédit pour parvenir à l’équilibre financier.

  

Le sondage observe que les ouvriers sont les plus impactés. 41% d’entre eux ont renoncé à se soigner pour mettre de l’argent de côté. Les plus de 65 ans, dont le reste à charge, plus lourd, peut grimper jusqu’à 350 euros, sont également frappés de plein fouet par la hausse des frais de santé. L’étude plébiscite ainsi la mise en place en 2020 d’un reste à charge zéro en dentaire, optique et prothèses auditives, tel que prévu par Emmanuel Macron. Neuf sondés sur dix redoutent toutefois une hausse du prix des complémentaires de santé.

 

Portrait de Tom Sawyer

Introduction
8 personnes étaient réunies pour échanger et débattre autour de la question des réformes des prestations sociales et des impacts sur les bénéficiaires. Sujet d'actualité, d'autant que c'est une des pistes envisagée par le gouvernement pour réaliser des économies budgétaires.
Diane a animé le chat autour des questions suivantes :
- avons-nous entendu parler des réformes? Si oui lesquelles?
- dans quelles mesures les ayants droits sont concernés et impactés par ces réformes gouvernementales?
- comment améliorer les services qui existent actuellement pour faciliter les démarches des ayants droit? La simplification/numérisation/automatisation sont-elles de bonnes solutions?

Donnons la parole aux participants.

Les Anonymes
Retraités et parents en location (APL) vont être les perdants. Les retraités ont plus de CSG à payer. Je gagne 1600€, je vais me retrouver avec une retraite de 1100 euros.

Quand j'étais en forme en travaillant je gagnais 1800 euros et en retraite 1300 euros. C'est le médecin sécurité sociale qui m'a mit en invalidité, et pourtant elle voulait que je reprenne le boulot après deux ans d'arrêt maladie.

Les vieux n'ont plus aucune valeur, c'est horrible. L'AAH va augmenter : elle va être portée à 860 € le 1er novembre 2018 et à 900 € le 1er novembre 2019, mais toujours en-dessous du seuil de pauvreté.
C'est contraignant de refaire le dossier AAH.

paat
Sous Sarkozy c'était 2 ans pour l'AAH. Depuis ça a changé : 3,5 ou 10 ans maintenant. Ca dépend, c'est la loterie. Le pourcentage du handicap est pris en considération pour l'attribution de la durée de l'AAH. Les 2 ans c'était pour ceux qui étaient en-dessous des 80%. J'ai eu 2,3 et 5 ans. Au départ j'étais à 80%, ça a baissé à un moment, je n'ai rien fait pour modifier mon pourcentage en fonction, mais j'ai toujours eu l'AAH. Le renouvellement de l'AAH a été simplifié : maintenant c'est un formulaire avec trois cases à cocher par le médecin. On verra le temps que ca prendra, ils ont mon dossier depuis Octobre, la dernière fois cela avait pris 6 mois. Là j'attends la décision pour le dernier renouvellement.

Ligera
Je suis en invalidité niveau 2, j'ai une AAH que je ne touche pas à cause de mes revenus. Il faut plaider la "restriction substantielle de retour à l'emploi" pour avoir l'AAH avec 79%.
J'étais assesseur au TCI (Tribunal du Contentieux pour l'Invalidité), si quelqu'un veut des tuyaux je peux aider. C'est le TCI qui gère les recours si vous contestez dans les 2 mois un refus d'une demande de AAH. Le TCI se compose d'un président du tribunal (un ancien magistrat) , un médecin de la Sécurité Sociale, 4 assesseurs, 2 syndicalistes et 2 employeurs (donc 2 CGT et 2 MEDEF .... ambiance). J'ai laissé tomber le TCI, ça me donnait la gerbe, c'est d'un puant que vous ne pouvez même pas imaginer (si tu es un ressortissant d'Afrique du Nord tu peux toujours te brosser, si tu as les ongles sales c'est que tu bosses au black donc tu n'auras rien, commentaires homophobes, ...). Il y a une grosse inégalité de traitement selon les départements mais au final c'est le médecin de la Sécurité Sociale qui décide. J'étais payé 180 euros par jour, j'ai quitté mon poste à cause de l'ambiance. Le président est magistrat de carrière (10 000 euros par mois, il a pas idée du prix d'une baguette), le médecin de la Sécurité Sociale c'est un planqué qui ne soigne pas les maladies, et les assesseurs font tapisserie.

luso
Ce soir aux infos, chamboulements en vue pour les retraites, cela mériterait peut-être tout un chat thématique. Il y a trop de mesures et trop de changements : ça ne rassure pas. Cela crée un sentiment d'instabilité où rien n'est jamais pérenne. Pour les retraites : il faut être bien portant et avoir beaucoup cotisé pour avoir beaucoup de points. Par déduction ça va être la misère pour d'autres. Actuellement, il existe beaucoup de disparités chez les retraités : ceux qui ont des retraites confortables et ceux qui vivent avec le minimum vieillesse. Ce qui est effrayant, c'est qu'une maison de retraite coûte environ 3.000 euros par mois. On n'a jamais envie d'y penser à la toute fin de notre vie, mais cela arrivera bien un jour.
Le RSA impacte les bénéficiaires quel que soit le mode de calcul. Souvent c'est quand même des remaniements qui, sous couvert de simplifications, rabotent des droits ou en écartent certains. Même ceux qui perçoivent les APL risquent de voir leur montant diminué d'autant en raison de plafonds. C'est confus toutes ces réformes.
Le renouvellement de l'AAH devrait être simplifié et moins répétitif, on est souvent sur de la paperasse. Beaucoup de prestations sont annuelles : CMU/ACS, les aides de la mairie.
Les "super assistantes sociales" parlons-en. J'ai voulu me faire aider pour un rapport pour mon dossier AAH. L'Assistante Sociale de la Sécurité Sociale m'a renvoyé vers la MDPH puisque j'en bénéficiais. La MDPH m'a dit que cela fait des années qu'ils n'ont plus d'assistantes sociales et m'a renvoyé ver le Centre d'Action Sociale de la Mairie. La mairie m'a renvoyé vers l'hôpital TENON, et l'hôpital m'a renvoyé vers les associations. Je fais quoi? Je vais voir Act Up?
La façon dont le dossier est rempli est super importante. L'AAH vient de m'être renouvelée pour 10 ans. En raison de mon âge? Je suis pile à 10 ans de la retraite. Les dossiers AAH en région parisienne sont traités plus rapidement qu'autrefois, 2 mois cette fois-ci, 1 an avant. Pour mon précédent renouvellement, cela remonte à 5 ans, j'avais le certificat médical simplifié il y a 5 ans (situation inchangée) c'est là qu'ils ont mis un an à me répondre (lol).

Tom Sawyer
Comme quoi c'est important de voter, à mon avis. Et pourtant je crois que le taux d'abstention n'est pas négligeable chez les plus démunis. Macron avait annoncé la couleur, alors je suis pas surpris.
Les réformes sur les prestations sociales sont confuses. J'ai pas pris le temps de m'informer sur le sujet. J'ai l'impression qu'il y a des reformes tout azimut.
Ce que j'entends dans les débats télévisés : les retraités ont un niveau de vie plus élevé que les actifs, en gros ils n'ont pas à se plaindre. Parlons des retraites des anciens présidents!!!
Les retraités malades peuvent avoir des frais supplémentaires, ce qui peut fragiliser leur situation. Les EPAHDS et les maisons de retraite coûtent chers alors que les conditions de soins et d'hébergement sont plus que limites.
Concernant les ALD j'ai rien entendu de particulier concernant les réformes.
J'ai cru entendre (et comprendre) que le gouvernement fera en sorte que les ayants droit à certaines aides et qui n'en font pas la demande puissent en bénéficier, grâce aux simplifications administratives, recoupements de fichiers, ...), mais j'en doute.
Pour améliorer la situation? Proposer aux ayants droit une aide en personne ce serait pas mal. Des assistantes sociales, pour discuter et définir les besoins et les possibilités qui existent. C'est mieux que des machines je pense. Mettre des gens en difficulté, en détresse qui ne maîtrisent pas l'informatique c'est moyen de les mettre face à des machines. Donc la présence humaine (Assistantes Sociales par exemple) reste importante.

Pour conclure
100% des participants sont pessimistes quant aux réformes que le gouvernement Macron va mettre en place durant le quinquennat, et ce, pour l'ensemble des aides sociales.
Déjà que les institutions et administrations actuelles qui gèrent les aides sociales, ne sont pas bien perçues (démarches répétitives, délais trop longs, manque de cohérence et d'information entre les différents services, ...), la totalité des participants à ce chat ne voient pas d'un bon oeil et sont pessimistes, quant aux réformes que le gouvernement Macron va mettre en place durant son quiquénat, et ce pour l'ensemble des prestations sociales. Il en est de même pour la numérisation des services en ligne. La présence et le maintien de l'humain, bien que pas toujours efficace selon les témoignages, est souhaitée pour les démarches administratives.

Nous allons clôturer ici le compte-rendu, avec deux liens conseillés par Diane, pour ceux qui souhaitent s'informer et approfondir les sujets abordés :
- les retraites, le système de points : https://www.humanite.fr/reforme-des-retraites-pourquoi-partir-62-ans-va-...
- la réforme du RSA et le calcul des prestations sociales : https://www.bfmtv.com/economie/plan-pauvrete-vers-une-reforme-du-rsa-et-...

Merci également à jl06 pour son article (cf plus haut) qui montre que les personnes les plus impactées par les frais de santé sont les retraités et les ouvriers.

Merci de votre participation et de votre attention.
Diane et Tom.