Prévention du VIH : les fonds chutent

10 Novembre 2018
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Accélérer la baisse des nouvelles infections à VIH… au point de pouvoir en finir avec l’épidémie est un objectif majeur qui mobilise de très nombreux acteurs dans le monde. De son côté, la recherche sur la prévention du VIH apporte « beaucoup d’optimisme avec toute une série d’études majeures sur l’efficacité d’un vaccin et d’anticorps contre le VIH prévues et en cours », indique l’Onusida dans un récent communiqué (29 octobre). Tout semble donc aller… si ce ne sont les craintes d’un nouveau rapport du Groupe de travail sur le suivi des ressources en matière de recherche et développement  sur la prévention du VIH (Resource Tracking for HIV Prevention R&D Working Group). Ce dernier montre qu’au lieu de soutenir la recherche en augmentant les investissements dans ces nouvelles avancées prometteuses, les ressources consacrées à la recherche et au développement sur la prévention du VIH sont en réalité en train de marquer le pas. Et les auteurs du rapport d’indiquer qu’en 2017, les financements de la recherche sur le VIH ont baissé pour la cinquième année consécutive, atteignant leur plus bas niveau en plus de dix ans. « En 2017, les fonds alloués à la recherche et au développement sur la prévention du VIH ont reculé de 3,5 % (40 millions de dollars) par rapport à l’année précédente, et atteignent 1,1 milliard de dollars », indique l’Onusida. Si le gouvernement des États-Unis reste le bailleur de fonds le plus important avec une contribution s’élevant à près de trois quarts de la totalité du financement en 2017, cette contribution a toutefois enregistré une baisse de près de 6 %, ce qui a ramené l’apport des États-Unis à son niveau le plus bas sur cinq ans, à 830 millions de dollars, indique l’Onusida. « Ne vous trompez pas, nous vivons une crise de la prévention et nous ne pouvons pas nous permettre en plus une crise du financement », a récemment déclaré Mitchell Warren, directeur exécutif de l’Avac (Aids vaccine advocacy coalition). « Il est inacceptable que le financement des donateurs affecté à la recherche sur la prévention du VIH continue de baisser, année après année, alors que la recherche est en train de concrétiser davantage de nouvelles options, a-t-il ajouté. Nous devons poursuivre et pérenniser les investissements pour garder la prévention du VIH sur la bonne voie afin de proposer de nouveaux outils qui permettront au monde de se rapprocher de la fin de l’épidémie de sida comme menace de santé publique ». Le rapport Groupe de travail sur le suivi des ressources en matière de recherche et développement  sur la prévention du VIH avertit que pour atteindre l’objectif d’accélération fixé par l’Onusida pour la prévention du VIH de moins de 500 000 nouvelles infections à VIH d’ici à 2020 (on a dénombré 1,8 million de nouvelles infections à VIH en 2017), il faudra non seulement étendre les options existantes, comme la circoncision masculine médicale volontaire et la prophylaxie pré-exposition (Prep), mais aussi développer de nouveaux produits innovants, notamment des options de prévention à base d’antirétroviraux à effet prolongé et un vaccin. Et le rapport de pointer qu’un « financement soutenu sera essentiel pour faire avancer toute la palette de la recherche sur la prévention du VIH de manière opportune, car même de petites baisses de fonds pourraient retarder ou écarter de nouvelles options de prévention du VIH prometteuses qui sont indispensables pour en finir avec l’épidémie de sida ». « Avec 5 000 personnes nouvellement infectées par le VIH chaque jour, il est capital d’intensifier les programmes de prévention du VIH efficaces dont nous disposons actuellement et d’investir dans de nouvelles technologies et des solutions, afin qu’elles puissent devenir une réalité pour les populations les plus touchées par le VIH », a déclaré Tim Martineau, directeur exécutif adjoint de l’Onusida par intérim. « Ces deux actions permettront d’éviter les nouvelles infections, de sauver des vies et de réduire les coûts croissants des traitements antirétroviraux à vie ».