Prise en charge VIH : Janssen entre enquête et marketing

2 Avril 2016
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On connait la volonté des laboratoires de se faire une place dans la prise en charge des personnes vivant avec le VIH, même si, a priori, ce n’est pas dans leur domaine, ni leur vocation. C’est leur façon de s’inscrire comme acteur de la santé et donner aux médecins comme aux personnes malades une autre image. C’est cette démarche qu’illustre le communiqué du laboratoire Janssen du 15 mars qui évoque le lancement de la "Démarche 3D". La démarche du labo se déroule en trois étapes et concerne médecins et patients. Elle a pour objectif "d’augmenter le nombre de patients régulièrement suivis". Evidemment, avec les labos, le concept est toujours marketé à l’extrême. Ainsi "3D" signifie Diagnose (recueillir les informations nécessaires à l’évaluation de la prise en charge) ; design (élaborer un plan d’action avec les acteurs de terrain sur la base du diagnostic) ; deliver (accompagner les acteurs de terrain dans la bonne mise en œuvre des services et des solutions). La première étape de cette stratégie a été une enquête qui a permis (citons le communiqué de presse) de "confirmer que le suivi du patient dans son parcours de soins reste largement à améliorer". Bon, soyons justes, la vingtaine de collaborateurs de Janssen mobilisés sur ce projet a permis d’illustrer cette affirmation qui n’a du surprendre personne. "Entre deux consultations, plus de trois spécialistes hospitaliers sur quatre (72 %) ne sont pas informés du parcours de leur patient en ville. Quand c’est le cas, le lien n’est pas établi par des moyens numériques, mais plutôt sous format papier ou par échange téléphonique. Pour près de huit pharmaciens d’officine sur dix (77 %), aucun contact n’est établi avec l’hôpital. Lorsque ce contact existe, il est en majorité réalisé par échanges de fax. Par ailleurs, 50 % des patients n’ont jamais eu à leur disposition un tableau de bord permettant de suivre leur état de santé entre deux consultations". Le communiqué de Janssen n’est pas très clair quant aux moyens opérationnels que le labo entend mettre en œuvre pour atteindre son objectif, mais il comporte quelques infos intéressantes. Ainsi, leur enquête pointe que "le délai d’obtention d’un rendez-vous avec un spécialiste hospitalier suite à un diagnostic est inférieur à dix jours ouvrés selon 87 % des spécialistes interrogés, et inférieur à 30 jours ouvrés selon 53 % des généralistes". Bon, qu’on se rassure, il n’y a pas que les labos qui travaillent à l’amélioration de la prise en charge : les experts (rapport Morlat) le font, les associations aussi, la Haute autorité de santé (HAS) devrait travailler à un parcours de soin des personnes vivant avec le VIH, même si ce projet a pris du retard.