Prisons et VHC : le CNS se prononce

25 Juillet 2020
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Le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) vient de publier un rapport et un avis suivis de recommandations portant sur « La prévention, le dépistage et traitement de l’hépatite C chez les personnes détenues ». Sa publication initialement prévue en mai dernier a été reportée du fait de la crise sanitaire. Ces travaux répondent à une saisine commune de la direction générale de la Santé, de la direction générale de l’Offre de soins et de la direction de l’Administration pénitentiaire. Dans ces documents, le CNS estime que parmi les personnes estimées porteuses d’une infection chronique par le VHC à leur entrée en détention, actuellement moins d’une sur deux initie un traitement par AAD (antiviral à action directe) au cours de son incarcération. Il émet 14 recommandations afin de connaître et suivre la santé des personnes détenues infectées par le VHC ; renforcer le dépistage du VHC, et conjointement ceux du VIH et du VHB ; réduire les délais d’instauration du traitement par AAD ; mettre en cohérence et porter à hauteur des besoins l’offre de prévention et de réduction des risques infectieux ; améliorer la gouvernance et le pilotage régionaux. Des consommateurs-rices de produits particulièrement précarisés-es et exposés-es à l’hépatite C composent une partie non négligeable de la population carcérale : les données disponibles commencent à dater, l’étude Prévacar indiquait un taux de prévalence du VHC de 4,8 % soit un taux six fois supérieur à la population générale. Même si des études à une échelle plus micro laissent entendre que un taux de prévalence moindre, il n’existe pas de de recueils de données en routine, ce qui rend difficile d’estimer la proposition et le recours exact du dépistage à l’entrée et au cours de la détention. L’offre systématique de dépistage à l’entrée en détention lors de l’évaluation de l’état de santé est une opportunité de  diagnostic et de mise sous traitement. Cependant, la réalisation du test se fait plus tard dans un délai pouvant aller de quelques jours à plusieurs semaines ce qui constitue une occasion ratée. Faire coïncider le dépistage, le diagnostic et la mise sous traitement qui est de huit à dix semaines avec la peine à effectuer : l’opportunité d’une offre de dépistage couplé VIH- hépatite B et C renouvelée tout au long de l’incarcération apparaît comme nécessaire. Pour se faire, le CNS préconise de : « Déployer les TROD comme outil prioritaire des dépistages du VHC, du VHB et du VIH en milieu pénitentiaire afin d’assurer une réalisation immédiate dès que la proposition de dépistage est acceptée » et d’« organiser le renouvellement de la proposition de dépistage au cours de la détention, et notamment diversifier les modalités d’offre en renforçant le rôle des partenaires internes et externes (Csapa, Caarud, Cegidd, associations…) dans le cadre d’interventions plus larges (éducation à la santé, prévention, réduction des risques/RDR) ». Une fois dépistée et le diagnostic posé, la prise en charge semble assurée même si elle est hétérogène d’un centre de détention à un autre et pourrait être optimisée afin de mieux faire coïncider la mise sous traitement qui est de huit à dix semaines avec la peine à effectuer. Mais il convient d’harmoniser les pratiques et de formaliser des circuits de prise en charge avec un-e référent-e VHC dans chaque établissement pénitentiaire. Rendre effectif la RDR et des dommages en détention  : le CNS déplore également l’absence de décret d’application relatif à l’article 41 de  loi du 26 janvier 2016  de modernisation de notre système de santé et portant sur la réduction des risques et des dommages et l’impossibilité pour les personnes détenues de bénéficier de l’ensemble des outils de RDR existants. À ce titre, les Caarud ont un rôle stratégique dans la diffusion et l’appropriation de la RDR en détention qu’il conviendrait de consolider en renforçant les interventions de Caarud référent dans chaque établissement pénitentiaire. Créer une synergie u niveau régionale avec des moyens renforcés : le CNS préconise aux agences régionales de santé (ARS) de renforcer les moyens humains et financiers octroyés à la santé des personnes détenues. Et de favoriser la création d’espace d’échange et de coordination entre les directions interrégionales des services pénitentiaires et les ARS pour « Animer et coordonner des espaces d’échange avec les structures intervenant en milieu pénitentiaire dans les domaines de l’éducation à la santé, de la prévention et du dépistage ».