Prisons : un plan pour la Santé

7 Juillet 2019
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Le  1er juillet, le gouvernement a présenté son « plan pour améliorer la santé en détention ». Connaître l'état de santé des personnes détenues, faciliter leur accès aux soins en développant la télémédecine, rendre plus attractif l'exercice de la médecine en prison : les ministères de la Santé et de la Justice ont détaillé, lors d’une conférence de presse, les 28 mesures de leur feuille de route sur la « santé des personnes placées sous mains de justice 2019-2022 ». Comme le rappelle l’AFP, de nombreux rapports et observateurs pointent régulièrement les carences du système médical en prison, d'autant plus aggravées par la surpopulation, qui atteignait au 1er avril le nombre record de 71 828 détenus-es pour quelque 61 000 places. Jusqu'à un quart des personnes incarcérées présenterait des maladies psychiatriques lourdes. L’une des mesures prioritaires du plan interministériel est donc le lancement prochain de deux études nationales sur la santé mentale des personnes détenues pour mieux identifier et soigner les malades alors que le dernier état des lieux date de 2004. Il y a quinze ans, cette enquête épidémiologique sur les troubles psychiatriques en milieu carcéral comptabilisait huit hommes et sept femmes sur dix présentant au moins un trouble psychiatrique et 25 % un trouble psychotique (la schizophrénie, par exemple). Afin d'améliorer l'accès aux soins, qui reste disparate et insuffisant malgré la loi « Santé-Justice » du 18 janvier 1994 et les efforts entrepris depuis, le gouvernement a dégagé trois mesures principales, indique l’AFP. Il souhaite généraliser la télémédecine - comme c'est déjà le cas hors détention - dans l'ensemble des unités sanitaires en milieu pénitentiaire (USMP) d'ici 2022, en particulier pour les consultations de dermatologie, d'ophtalmologie ou de pré-anesthésie. Ceci afin d'éviter les extractions médicales et de prévenir tout retard de prise en charge. Par ailleurs, des stages en milieu pénitentiaire pour les internes en médecine seront proposés sur l'ensemble du territoire pour attirer un nouveau public et pallier les difficultés de recrutement de professionnels-les de santé, encore plus importantes en prison qu'ailleurs. Un récent rapport parlementaire relevait que 22 % des postes de médecins psychiatres n'étaient pas pourvus en 2016. Dans ses objectifs, le plan ministériel propose de « Développer la prévention et la promotion de la santé auprès des détenus ». « Le virage préventif engagé par le Gouvernement depuis 2017 doit pouvoir bénéficier à tous. Dans ce cadre, les outils de prévention déployés en population générale doivent être adaptés aux populations sous mains de justice (service sanitaire des étudiants en santé, opération #MoisSansTabac, bilans de santé et nouvelles consultations obligatoires…). Les lieux de privation de liberté doivent ainsi être identifiés comme des lieux d’intervention pour la mise en œuvre de ces actions de prévention. Enfin, malgré la prise de conscience collective, la prévalence du suicide en milieu pénitentiaire représente environ une centaine de décès par an en France, soit près de la moitié des décès survenus dans ce milieu », explique le dossier de presse qui présente le plan. Pour le moment, l’ensemble des mesures n’a pas été présenté et on ne connaît donc pas précisément le périmètre de la prévention retenu (parle-t-on des programmes d’échange de seringues ?). Les premiers éléments laissent entendre qu’il s’agit surtout de la prévention des addictions (comme indiqué déjà dans le plan Addictions de la Mildeca) et de celle des suicides. La lecture du dossier de presse laisse entendre que l’effort préventif porte principalement sur les jeunes. Enfin, le plan ministériel explique qu’il vise aussi à « assurer la continuité de la prise en charge à la sortie de la détention ». Et le gouvernement d’expliquer : « La sortie de détention est identifiée comme un risque majeur de rupture de prise en charge si elle n’a pu être anticipée. Dans ce contexte, il convient d’organiser la continuité de la prise en charge sociale et sanitaire des personnes à leur levée d’écrou, ce qui induit d’assurer une coordination entre les équipes de soins de l’unité sanitaire, les services pénitentiaires d’insertion et de probation, les dispositifs sociaux, médico-sociaux et les soins de ville et hospitaliers ». Parmi les « mesures concrètes » citées dans le dossier de presse, on trouve, par exemple : « S’assurer que les personnes détenues bénéficient, à leur sortie de détention, des prescriptions nécessaires, et en ce qui concerne les usagers de drogues, de la remise de Naloxone en prévention des surdoses ». L’AFP indique que le coût global de ce plan n'a pas été chiffré.