Prix des médicaments :
 un Livre blanc

5 Juillet 2018
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Face à l’augmentation considérable des prix des nouveaux médicaments au Sud comme au Nord, tout spécialement ceux dans le traitement des cancers, du VHC et de certaines maladies rares, des organisations non gouvernementales (AIDES, France Assos Santé, Médecins sans Frontières, La ligue nationale contre le cancer, Médecins du Monde, la revue Prescrire, les Universités alliées pour les médicaments essentiels) et des personnes issues de la société civile ont décidé, de se mobiliser, une nouvelle fois, pour défendre l’accès aux meilleurs soins pour toutes les personnes et la "sauvegarde de notre système de santé solidaire". Plusieurs organisations de personnes malades, d'usagers-ères du système de santé, de professionnels-les de santé et d’étudiants-tes ont rédigé un "Livre blanc", publié le 20 juin : "Médicaments et progrès thérapeutique : garantir l'accès, maîtriser les prix". Dans un communiqué, les huit organisations expliquent qu'elles ont rédigé douze contributions qui forment ce "Livre blanc". Cet ouvrage a vocation "à porter la parole de la société civile dans le débat public, à l’heure où le gouvernement s’apprête à recevoir les industriels du médicament le 9 juillet prochain, à l’occasion du Conseil stratégique des industries de santé. Le travail réalisé par la société civile répond à deux préoccupations. Il s'agit, d'une part, de proposer un travail d'analyse et de proposition qui est une étape indispensable pour dépasser les idées reçues. "Nos différentes organisations, dans leurs champs d’expertise respectifs, ont constaté des dérives majeures au sein des politiques relatives aux médicaments, explique leur communiqué commun. Elles ont dénoncé l’opacité des prix et de leurs déterminants, le manque de transparence des négociations entre l’Etat et les industriels, les conséquences budgétaires et financières périlleuses pour l’assurance maladie. Elles ont alerté les pouvoirs publics sur les menaces qui pèsent sur l’accès aux nouveaux traitements onéreux alors que des médicaments plus anciens subissent d'intolérables pénuries. Elles ont mis en cause un discours sur l'"innovation" justifiant avant tout des prix exorbitants, sans que cette notion ne soit véritablement définie, et sans qu’elle ne soit toujours garante d’une véritable amélioration du service médical rendu pour les personnes malades... qui sont les premières concernées. Fondés sur l'analyse de données publiques, de cas pratiques documentés, de réflexions sur la propriété intellectuelle, sur la recherche, sur les essais cliniques et sur la transparence, les contributions réunies dans ce "Livre blanc" visent à apporter des informations complémentaires aux citoyens et citoyennes, aux personnes qui ont des postes de décideurs et à celles qui sont élues, sur les politiques relatives aux médicaments, et à dépasser certaines représentations trop souvent considérées comme des vérités admises et intangibles.,La seconde préoccupation des structures contributrices porte sur la transparence et la démocratie qui sont indispensables au maintien d’un système de santé solidaire. "L’inflation continue des prix des nouveaux traitements est une menace pour l’accès équitable aux soins et pour la pérennité de notre système de santé solidaire", argumentent-elles dans leur communiqué. "En prenant ensemble la parole, nos associations, dans leur diversité, affirment que cela n’est pas une fatalité. Les innovations dont l'efficacité est prouvée doivent pouvoir être rendues accessibles et la pertinence de leurs usages garanties. Les prix doivent être mieux contrôlés afin que le progrès thérapeutique bénéficie d'abord aux personnes malades sans pour autant décourager l'innovation". Pour ce faire, les organisations "exigent une réelle transparence à tous les niveaux : de la recherche médicale et de son financement jusqu’à la fixation des prix des produits de santé et leur mise sur le marché, en passant par la transparence sur le niveau de progrès thérapeutique apporté par le produit de santé." Elles souhaitent également "être mieux associés aux échanges et réflexions sur les politiques du médicament", et demandent "la tenue d'un débat véritablement démocratique" sur cette question. "Ce débat démocratique doit être structuré à partir d’une exigence que toutes nos associations partagent : sur le fondement de prescriptions médicales justifiées uniquement par l’état de santé, notre système de santé solidaire doit garantir l’accès au progrès thérapeutique à toutes celles et ceux qui en ont besoin".