Prix des nouveaux traitements VHC : une étude confirme l’impact financier

6 Décembre 2014
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En France, 180 000 personnes seraient à l’heure actuelle atteintes d’hépatite C chronique, dont 90 000 qui l’ignorent, rappelle l’ANRS (13 novembre). Cette infection est responsable de maladies graves (cirrhoses et cancers du foie) qui entraînent le décès d’environ 3 000 malades chaque année. Ces toutes dernières années, de nouveaux médicaments, les antiviraux à action directe (AAD), ont montré une efficacité spectaculaire chez une majorité de personnes. Une éradication du virus est ainsi obtenue chez environ 90 % d’entre elles. Problème, ces traitements sont particulièrement coûteux (par exemple, 41 000 euros le coût du seul Sovaldi (sofosbuvir) au sein d’un traitement de 3 mois). L’ANRS a cherché à évaluer l’impact budgétaire des AAD. Une étude a été réalisée par Sylvie Deuffic Burban sous la direction du Pr Yazdan Yazdanpanah (INSERM). Dans cette étude, les coûts ont été évalués à partir du prix de ces médicaments demandés par les laboratoires pharmaceutiques dans le cadre des ATU (autorisations temporaires d’utilisation) qui sont en cours : 35 000 € pour trois ou six mois de traitement pour le daclastavir et 4 830 € par semaine pour le sofosbuvir. Les schémas de traitement retenus (bithérapie d’antiviraux à action directe) ou association de l’un ou des deux avec la ribavirine) sont ceux qui sont préconisés dans le premier rapport de recommandations sur la prise en charge des personnes infectées par le virus de l’hépatite B ou C en France (Rapport Dhumeaux 2014) et par la Haute Autorité de Santé (HAS). Dans ces rapports, les AAD sont recommandés pour les personnes présentant une fibrose avancée, c’est-à-dire à partir d’un stade F2, avec une priorité donnée aux personnes atteintes d’une fibrose F3 ou F4. Les auteurs de l’étude ont calculé les coûts de traitement en considérant que tous les personnes avec une fibrose avancée seraient traitées par AAD au cours des trois prochaines années : 20 000 la première année, 9 000 la deuxième et 2 500 la troisième, soit un peu moins de 32 000 personnes au total. Seuls les coûts directs des médicaments ont été pris en compte. Sur cette base, les auteurs estiment que l’impact budgétaire du traitement par AAD de ces personnes serait compris entre 2,3 et 3,1 milliards d’euros pour les trois années considérées. "Il s’agit de projections que l’on peut qualifier : d’a minima", indique Sylvie Deuffic-Burban, l’une des auteures de l’étude. "En effet, nous avons considéré dans notre analyse qu’aucun nouveau patient ne serait dépisté et ne nécessiterait une mise sous AAD, ce qui est improbable". Directeur de l’ANRS, Jean-François Delfraissy explique : "Cette étude confirme que le coût des AAD risque de peser sur notre système de santé. C’est une situation qui justifie que le juste prix de ces médicaments soit appliqué dans un contexte médical de juste prescription".