Quand initier son traitement ARV ?

23 Février 2016
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Lorsqu’on voit les préconisations des experts, la réponse semble assez simple et pourrait se résumer ainsi : le traitement antirétroviral doit être débuté avant que le taux de CD4 ne soit trop abaissé, de manière à éviter les infections opportunistes et à préserver le devenir à long terme de la personne. Reste que de nombreux facteurs interviennent et au premier chef, l’accord de la personne à démarrer le traitement. C’est le préalable indispensable. Et cela pour plusieurs raisons : une fois démarré, le traitement (dans l’état actuel de la science) doit être pris à vie et qu’il est déconseillé de faire des interruptions. Il faut donc choisir le moment le plus approprié pour démarrer, en faisant la balance entre bénéfices et inconvénients. D’un côté, on sait qu’un traitement démarré le plus tôt possible a des bénéfices majeurs en termes de durée de vie, de réduction de la progression de la maladie, de baisse des comorbidités ; c’est scientifiquement validé par de nombreux essais. A cela s’ajoute le fait que le traitement efficace empêche la transmission (Tasp). De l’autre côté, il y a les inconvénients des potentiels effets indésirables, les éventuelles conséquences d’une exposition prolongée aux antirétroviraux, les difficultés pour certains à maintenir une bonne observance… Les essais indiquent clairement que le rapport bénéfices/risques est très favorable à un démarrage du traitement le plus tôt possible, y compris à des taux de CD4 élevés. D’ailleurs, toutes les recommandations dans le monde vont dans ce sens. Il n’en demeure pas moins qu’il faut réfléchir au démarrage de son traitement, en parler au médecin, s’y préparer. Comment avez-vous préparé cette étape ? A qui en avez-vous parlé ? Dans que état d'esprit êtes-vous à la veille de démarrer votre traitement ? Venez en discuter pendant le chat thématique mardi 23 février à partir de 21 heures, en compagnie d’Ernesto.

Commentaires

Portrait de ernesto-seronet

Une douzaine de personnes pour entamer le dialogue au cours de ce chat sur le démarrage d'un traitement ARV. Et selon que l'on se place plus ou moins loin dans le passé, ou que l'infection est découverte à un stade ancien ou récent, les expériences naturellement diffèrent. Pour les cas de contaminations les plus anciens, quand l'urgence à mettre rapidement sous traitement n'était pas de rigueur, certains ont fait le choix de retarder le moment pendant plusieurs années : prendre un comprimé revenait à admettre qu'on était malade, ... jusqu'à ce que le seuil trop bas de cellules CD4 ne sonne l'alarme. Dans d'autres cas c'est la survenue de maladies opportunistes (pneumocystose, toxoplasmose...), voire l'hospitalisation d'urgence qui conduisent au diagnostic et vont décider du commencement d'un traitement devenu vital et incontournable. Pour certains, de la découverte en phase de primo-infection, signalée ou non par des symptômes évocateurs, s'ensuit rapidement la mise très rapide sous ARV. Mais cette nécessité ne se traduit pas pour tous par l'acceptation immédiate de ce changement. Il faut quelques semaines, quelques mois pour intégrer cette nouvelle, détacher le choc et le stress liés à la découverte de la séropositivité, associés les premiers temps à cette nouvelle prise quotidienne de comprimés, pour que le geste devienne familier et que l'idée qu'on se soigne en prenant un comprimé s'impose. L'absence d'effets indésirables facilite cette évolution et tous reconnaissent que ce facteur, ainsi que celui d'une efficacité plus grande et obtenue plus rapidement des traitements, moins lourds, moins toxiques, et mieux tolérés aujourd'hui, encourage une volonté de commencer le traitement et une prédispostion plus évidente à l'adopter. Dans ce processus, le médecin (traitant quand c'est lui qui a détecté les signes de primo-infection, ou le spécialiste du VIH) qui va, en autres par l'information apportée quant aux effets et bénéfices du traitement, rassurer et jouer aussi un rôle essentiel : d'un médecin à l'autre, la recommandation de commencer sera plus ou moins immédiate, après les indispensables premiers bilans et analyses, et quand elle ne l'est pas, certains demandent au médecin d'entrer le plus vite possible dans le traitement. En ligne de mire la recherche d'une charge virale indétectable atteinte dans les meilleurs délais (et avec le médecin "bombarder cette merde" pour certains) pour un meilleur état santé, se réserver la possiblité d'accéder plus facilement et efficacement à un possible allègement thérapeutique, pour préserver ses partenaires d'un risque de transmission, et avoir l'esprit plus serein : "Il faut soigner son corps pour que l'âme s'y plaise".

Vous êtes invité-e-s comme d'habitude à poster sur ce thème vos commentaires et réactions à la suite de celui-ci , et à exprimer vos suggestions de thèmes que vous souhaiterez aborder dans les mois à venir, ou d'évolution du "format" de ces chats thématiques.

La semaine prochaine, après nous être infligés un bien mauvais traitement et avoir soumis nos tympans à la voix de Mireille Mathieu, la reine de l'ennui, nous affirmant "Oui, je CROI …", à Boston (et loin des organes un rien plus suaves des Bee Gees et de leur Massachusetts), nous nous laisserons plus volontiers guider par W.A. Mozart dans son œuvre initiatique, "La Flûte Enchantée", qui, pour être maçonnique n'en est pas moins aérienne.

Portrait de Pierre75020

J'ajouterais volontiers ceci à mes interventions En accord avec mon infectiologue un nouveau test concernant les anticorps a été fait, au moment du test fait le 16 juin 2014 lors de ma primo infection un seul réservoir était atteint, aujourd'hui tous ou à peu près l'ont été et pourtant le traitement a été commencé le 23 juin soit 7 jours après le test , le virus avait poursuivi son oeuvre durant ce peu de temps. Cela devrait inciter à accepter d'initier le traitement le plus rapidement possible surtout si la détection est faite pendant la primo infection, dans ce cas il s'agit presque d'une course de vitesse avec le virus pour qu'il soit bloqué le plus rapidement possible dans les réservoirs où il se loge habituellement selon les études faîtes jusqu'à présent. Merci pour votre message et bonne journée, très amicalement.