Rapport Dhumeaux 2 : quelques précisions

26 Octobre 2016
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Une actualisation du rapport d’experts sur la prise en charge et le suivi des personnes infectées par le VHC vient d'être remise à la ministre de la santé, avec les conditions d'accès aux nouveaux traitements antiviraux directs. C’était une commande de la ministre elle-même, faite le 25 mai dernier lors de la Journée nationale des hépatites, qui annonçait le "traitement universel", et demandait d'en définir les conditions d'application. Pour ce faire, la ministre avait mandaté l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) et le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS). A charge pour les deux structures, en lien avec l’AFEF (société française d’hépatologie), de réaliser un nouveau rapport avec des recommandations permettant la mise en place du "traitement universel". Par "traitement universel", il faut entendre l’accès au traitement de toute personne infectée par le VHC, quel que soit son stade de fibrose du foie. Il faut entendre aussi l’attention particulière portée aux populations vulnérables. C’est pourquoi, si le premier chapitre traite de nouvelles formes d’organisation des soins liées au traitement VHC, les autres chapitres s’attachent aux différentes vulnérabilités et à l’attention à leur porter : personnes usagères de drogues, personnes détenues, personnes migrantes, personnes co-infectées VIH et VHC. Concernant le "traitement universel", il faut noter une recommandation de réforme du passage des dossiers en RCP (réunions de concertation pluridisciplinaire) désormais réservées aux "cas complexes" et une ouverture du suivi à des médecins non hospitaliers ou soignant-e-s. C'est un point sur lequel AIDES avec ses partenaires associatifs a particulièrement plaidé. Cela devrait desserrer le goulot d’étranglement dans l’accès au traitement, mais il n’est pas à exclure que le maintien des prix élevés des traitements puissent être un frein à la prescription à certaines personnes. Cela supposera beaucoup de vigilance, notamment de la part de la société civile. L’éducation thérapeutique devra être associée à la prise en charge des personnes. Concernant l’usage de drogues, il faut noter le cadre concernant la prévention des réinfections et la place reconnue des acteurs de la RDR à propos du chemsex. Pour les personnes migrantes, l’accès universel est recommandé, avec l'appui des dispositifs de type Pass (permanences d'accès aux soins de santé), la médiation sanitaire ou l’interprétariat. Ce chapitre souligne également l'impact pour le droit au séjour pour raisons médicales. La question du dépistage se retrouve dans les différents chapitres du rapport. Ces avancées sur les traitements sont cohérentes par rapport au déploiement en cours des Trod (tests de dépistage à résultats rapide d’orientation diagnostique) VHC. Egalement sollicitée, la Haute autorité de santé (HAS) rendra son avis prochainement, indique un communiqué du ministère de la Santé. Marisol Touraine présentera, sur la base de ces deux avis : le Rapport Dhumeaux 2 et la HAS, le nouveau cadre, qui devrait garantir l’accès universel aux nouveaux médicaments anti-VHC, comme promis par la ministre en mai dernier.