RDR à Montréal : une conférence sous haute tension

15 Mai 2017
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Jane Philpott, la ministre canadienne de la Santé a passé un sale quart d’heure lors de la session d'ouverture de la conférence internationale de réduction des risques qui s’est tenue dimanche 14 mai à Montréal. Les activistes ont protesté contre l'inaction de la ministre de la santé et de son gouvernement. Le continent nord-américain est, en effet, frappé par une épidémie d’overdoses dues, majoritairement, au Fentanyl, un médicament détourné de son usage. Le Fentanyl est un opiacé 40 fois plus puissant que l’héroïne, rendu tristement célèbre par le décès du chanteur Prince. C’est une réelle hécatombe : il y a plus de personnes usagères de drogues qui meurent aujourd'hui au Canada qu'au pire moment de l'épidémie de sida. En 2016, les décès dus aux overdoses de Fentanyl représentent une moyenne de deux personnes par jour pour la seule Colombie-Britannique, avec 371 décès pour les six premiers mois de l'année, une augmentation de 74 % par rapport à l'année précédente.Dans certaines provinces un-e usager-ère de drogues meurt toute les six heures ! Et la situation, qui n’est pas à proprement parler récente, ne cesse de s’aggraver. Regroupés sous le mot d’ordre "They talk, we die"("Ils parlent. Nous mourrons !"), les activistes ont déployé pancartes et banderoles en tournant le dos à la ministre qui a du donner tout son discours dans ces conditions. La colère des groupes communautaires d’usagers de drogues est d’autant plus grande qu’ils estiment — à juste titre — subir les conséquences de la politique prohibitionniste du gouvernement canadien. Le fait est que face à une crise sanitaire de cette ampleur, toutes les mesures de prise en charge sont insuffisantes si l’on ne crée pas un environnement totalement favorable. Mais pour cela il faudrait revenir sur la criminalisation des usagers de drogues. Et cela, le gouvernement Trudeau n’y est visiblement pas prêt.