Recensement des migrants : inquiétudes des associations

16 Décembre 2017
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Des recensements sont prévus dans les centres d'hébergement à la demande du gouvernement. Ils inquiètent le monde associatif, qui redoute une logique de "tri", indiique l’AFP (8 décembre). Plusieurs grands acteurs de l'accueil des migrants (Médecins du Monde, Cimade, Emmaüs notamment) ont été reçus le 8 décembre au ministère de l'Intérieur, ils ont préféré quitter la table après avoir entendu Gérard Collomb leur expliquer comment le gouvernement allait envoyer des "équipes mobiles" dans les centres d'hébergement d'urgence, pour procéder à un recensement. Pour les pouvoirs publics, l'idée est de savoir qui exactement est hébergé dans ces centres saturés, afin de sortir ceux qui relèvent d'autres structures (notamment les étrangers aux statuts variés), et libérer des places pour les sans-abri. C'est sur cet examen de la situation que les inquiétudes se cristallisent : pas question de rentrer dans une logique "de recensement, d'étiquetage et de triage", a expliqué Patrick Doutreligne, le président de l'Uniopss (Union nationale d'associations sanitaires et sociales), à l'issue de la réunion. Car si les personnes demandeuses d'asile et réfugiées peuvent espérer une amélioration de leur sort — ils sont la priorité affichée de la politique d'accueil du chef de l'Etat —, la question se complique pour les personnes déboutées de l’asile et les "dublinées", ces personnes migrantes enregistrées dans un autre pays européen, qui est censé traiter leur dossier. Pour elles, Emmanuel Macron a été clair, en souhaitant que la France reconduise "de manière intraitable celles et ceux qui n'ont pas de titre" de séjour. Une proposition de loi vient d’ailleurs très récemment d’être adoptée en ce sens. Pour les associations, le recensement "franchit trois lignes rouges : l'accueil inconditionnel, le non-respect de la loi informatique et libertés si on nous demande de transmettre des listes, et d'éventuelles interventions de la police dans les centres", a averti Patrick Doutreligne. Au ministère de l'Intérieur, on assure que "les équipes mobiles ne comprendront pas de forces de l'ordre" et qu'"il n'y aura pas de prise d'empreintes" mais des "entretiens" avec les personnes hébergées. Reste que les associations ont été échaudées par les mises en gardes répétées d’Emmanuel Macron, indique l’AFP, et attendent de le rencontrer "prochainement". Une circulaire devrait être publiée très rapidement pour spécifier le fonctionnement et le rôle de ces équipes mobiles. Elle pourra se lire comme le pendant d'une autre circulaire, datée du 20 novembre et qui demande aux préfets de "renforcer" leur lutte contre l'immigration irrégulière à partir des centres dédiés aux personnes migrantes.