Recours à l'AME

24 Juin 2020
1 514 lectures
Notez l'article : 
0
 

Le renoncement aux soins touche les populations les plus vulnérables. Il est plus élevé pour elles (2,5 fois plus important) que pour la population générale, pointe la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) dans une étude publiée, début juin. Dans un article, le site d’infos Décision santé rappelle qu’une étude réalisée entre février et avril 2019 (Enquête Premiers pas) démontre que « un peu plus de la moitié des personnes éligibles bénéficient de l'AME en 2019 ». « Pourtant, près de la moitié des personnes interrogées déclarent souffrir de pathologies nécessitant des soins comme le diabète ou les maladies infectieuses ». Comment expliquer ce non-recours ? « Un tiers des non-recourants n'ont jamais entendu parler du dispositif. Et même après cinq années de résidence, un bon tiers (35 %) ne bénéficie toujours pas de cette aide. On compte aujourd'hui 310 000 bénéficiaires de l'AME », avance Décision Santé. Dans son rapport, la Drees publie les résultats de son baromètre d’opinion (page 14). « En 2018, selon le Baromètre d’opinion de la Drees (…), 74 % des personnes âgées de 18 ans ou plus et résidant en France métropolitaine pensent que « beaucoup de personnes ne bénéficient pas des droits ou allocations auxquelles elles peuvent prétendre » ; un chiffre élevé mais en recul de 6 points par rapport à 2016. Quelle que soit la catégorie de la population interrogée, c’est toujours une opinion majoritaire, qui varie très peu selon le sexe, l’âge ou le niveau de diplôme. Cette opinion est toutefois encore plus répandue parmi les ouvriers, les habitants des communes rurales et les personnes ayant les revenus les plus faibles et celles ayant perçu des allocations chômage au cours de l’année. Parmi les 20 % des ménages les plus modestes, 81 % considèrent que beaucoup de personnes ne bénéficient pas des droits auxquels elles peuvent prétendre, contre 65 % des personnes les plus aisées. Par ailleurs, en 2018 toujours, sept personnes sur dix jugent que beaucoup de personnes perçoivent des allocations alors qu’elles n’y ont pas droit (- quatre points par rapport à 2016) », explique le rapport. Du côté des explications au phénomène de non-recours, les Français-es avancent huit raisons principales, dont deux se détachent : « La première est liée à un manque d’information et la seconde à la lourdeur administrative : ainsi, 44 % estiment que c’est par « manque d'information sur les aides, ou sur les organismes à qui s'adresser » et 25 % que « les démarches à faire sont trop complexes et trop longues ». Ce non-recours est fort concernant les aides sociales pour l’accès aux soins. C’est, comme on a vu le cas de l’AME, selon l’enquête Premiers pas (2019). « Près de la moitié des personnes sans titre de séjour déclarant souffrir de pathologies nécessitant des soins, comme le diabète ou les maladies infectieuses, ne sont dans les faits pas assurées pour la santé, ni par l’AME, ni par l’assurance maladie de droit commun. Le recours à l’AME est un peu plus important chez les 10 % ayant cité la santé parmi leurs motifs de migration. Il est cependant assez peu corrélé aux problèmes de santé, en dehors des troubles musculo-squelettiques, explique le rapport de la Drees. Le recours à l’AME augmente avant tout avec la durée de séjour sur le territoire. Les résultats suggèrent que la plupart des migrants ont peu de connaissances de l’AME et n’ont pas tous la capacité à se saisir d’un dispositif complexe : un tiers des non-recourants n’en ont jamais entendu parler et, parmi les autres, l’absence ou l’abandon des démarches s’expliquent en grande partie par le manque d’information sur les démarches ou leur complexité, ou par l’incapacité à fournir l’ensemble des justificatifs. Même après cinq années ou plus de résidence en France, 35 % des personnes sans titre de séjour n’ont pas l’AME ».