Réduction du délai pour le rappel

28 Décembre 2021
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Face à la cinquième vague de l’épidémie de Covid-19 et alors que le variant Omicron, particulièrement contagieux, se répand en France, la Haute autorité de santé (HAS) recommande que la dose de rappel de vaccin puisse être réalisée à partir de trois mois. En attendant d’examiner cet avis, le ministère de la Santé a indiqué dans la foulée que le délai serait ramené à quatre mois dès maintenant (et non à partir du 3 janvier comme initialement prévu). Jusque-là, le délai pour la dose de rappel était de cinq mois après la précédente injection. « À l’instar de plusieurs pays, la HAS recommande que l’administration d’une dose de rappel puisse désormais être réalisée à partir de trois mois après la primovaccination dans la population éligible à ce rappel », écrit la HAS dans son dernier avis. Elle justifie cette recommandation par le fait que, selon les dernières études publiées, les vaccins sont efficaces à 80 % pendant un à deux mois contre les formes symptomatiques non graves du variant Omicron, mais perdent plus rapidement leur efficacité qu’avec les variants précédents : 34 % à quatre mois après une primovaccination avec le vaccin de Pfizer. Ces mêmes données montrent une remontée de l’efficacité vaccinale à 75 % deux semaines après une dose de rappel. La HAS a également considéré des travaux suggérant que l’administration très rapide d’une dose de rappel à la majorité de la population adulte permettrait de réduire de 15 % la mortalité associée à la Covid-19 liée au variant Omicron. Les résultats de deux études confirment « une bonne tolérance » y compris lorsqu’elle est administrée dès trois mois après la primo-vaccination, souligne la HAS.

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Baisse d’efficacité des rappels face à la vague Omicron : faut-il revoir la stratégie vaccinale ?

France – Alors que la vague Omicron continue son ascension vertigineuse, les taux d’anticorps induits par les rappels de vaccins contre le covid semblent diminuer rapidement, selon un briefing publié par l'Agence britannique de sécurité sanitaire (UKHSA). Faut-il, dans ce contexte, revoir encore la stratégie vaccinale ? L’éclairage du Dr Benjamin Davido (infectiologue à l'hôpital de Garches).

A partir d'une analyse de 147 597 cas delta et 68 489 cas omicron :

Pour les personnes qui ont reçu deux doses initiales du vaccin Oxford/AstraZeneca, l'UKHSA estime que les rappels Pfizer/BioNTech ou Moderna sont efficaces à environ 60% pour prévenir les infections symptomatiques d'omicron 2 à 4 semaines après la troisième dose, mais ce chiffre tombe à 35 à 45 pour cent au bout de deux mois et demi.

Pour ceux qui ont reçu deux doses initiales de Pfizer/BioNTech, la protection passe de 70 % à 2 à 4 semaines à 45 % à deux mois et demi après un rappel Pfizer,

Pour ceux qui ont reçu un rappel Moderna, la protection reste autour de 70 à 75 % jusqu'à 9 semaines après.

Medscape édition française : A quel point faut-il s’inquiéter de ces résultats ?

Benjamin Davido : Dans cette étude, il n’y a pas de données sur l’efficacité sur les formes graves. Or, des études ont montré que malgré un taux faible d’AC, on garde une protection contre les formes sévères. Là où l’on perd, c’est sur la capacité à être protégés contre la contamination.

Même si l’on est sur une décroissance, on garde tout de même des anticorps (ce n’est pas tout ou rien) et on peut penser que l’on sera protégé contre la gravité de la maladie.

D’ailleurs, les chiffres initiaux étaient de plus de 90 % d’efficacité de trois doses contre les cas graves d’Omicron.

Si l’on reprend la chronologie, la deuxième dose nous a très bien protégé face à alpha, a joué le rôle de bouée de sauvetage face à delta et aujourd’hui avec un nouveau variant cette troisième dose, nous protège à nouveau. A chaque fois, la dose supplémentaire donne une marge de sécurité sur les nouveaux variants pour protéger contre la sévérité de l'infection.

Et sur l’évolution de la pandémie ? Peut-on encore espérer l’endiguer avec la vaccination ?

Ces données posent, en effet, la question de la protection vaccinale sur la durée.

Il s’agit d’une pandémie et de ce fait, le temps que l’on met à vacciner à l'échelle mondiale permet à chaque fois à un nouveau variant d’apparaitre. C’est une boucle temporelle.

Si on a un vaccin qui nécessite un rappel disons deux fois par an, on n’y arrivera pas logistiquement. On ne pourra, dans un laps de temps aussi court, à faire en sorte que les autres pays vaccinent aussi vite que les pays riches.

Penser que la vaccination seule des pays riches va permettre d’éteindre la pandémie est une croyance naïve si l’on n’arrive pas à accélérer le programme Covax.

Il faudrait décider de vacciner les pays riches avec des vaccins de nouvelle génération parce qu’on a les moyens de le faire et donner nos vaccins « ancienne génération », qui sont efficaces, aux pays qui ne sont pas vaccinés.

Si on vaccine les pays riches avec un vaccin 2.0, de nouvelle génération, et si on peut vacciner avec un autre mécanisme qui induit une immunité mémoire beaucoup plus forte, comme on peut l'espérer du Novavax (ce qui nous arrangerait car il est très peu cher et se conserve plus simplement), alors on arrivera plus facilement à vacciner l'ensemble des pays et à limiter la pandémie.

Pourquoi êtes vous optimiste sur l’immunité mémoire que pourrait conférer le vaccin Novavax par rapport aux vaccins ARNm ?

D’abord, nous avons très peu de données du vaccin à protéines recombinantes Novavax sur le Delta, et aucune donnée sur Omicron. La première question est donc de savoir si le vaccin est tout simplement efficace sur ces deux variants.

Ceci étant dit, si on a l’impression que les vaccins ARN stimulent beaucoup l’immunité humorale et les anticorps circulants, ce que l’on ne sait pas bien, c’est quelle est l’efficacité de ces vaccins sur la réponse mémoire.

Il y a quelques mois, les publications avaient montré que la réponse mémoire vaccinale avec deux doses était 1,5 fois inférieure à l’immunité naturelle. Aussi, l’immunité naturelle va aller stimuler d’autres anticorps que les anticorps anti- spike. Elle a donc un réservoir d’anticorps qui semble stable dans le temps. Un papier publié dans Nature a montré que l’immunité naturelle durait au moins 18 à 24 mois (le temps de recul que l’on a sur la pandémie).

Mais, nous ne savons pas si l’immunité mémoire décline avec la vaccination ARN.

En revanche, ce que l’on sait par analogie avec d'autres vaccins à protéines recombinantes comme celui de l’hépatite B, c'est qu'ils ont une immunité mémoire plutôt très robuste. Donc, un des espoirs que l’on a, c’est que sur "un malentendu" les vaccins à protéines recombinantes comme celui de Novavax ou de Sanofi pourraient fonctionner plusieurs années, idéalement jusqu'à 10 ans ! Mais, c’est un scénario extrêmement favorable et encore prématuré.

Cette vague Omicron et la perte d’efficacité des rappels doivent-elle amener à revoir la stratégie vaccinale ?

A l’heure actuelle, il faut que le maximum de gens fasse une troisième dose pour tenter de freiner la vague et protéger le plus de personnes possible des formes graves. Avancer les rappels à trois mois comme préconisé par la Haute Autorité de Santé a un sens dans cette stratégie d’urgence.

Mais une fois que le pic sera atteint, il sera extrêmement difficile de dire aux gens que l’on rapproche à l'infini les rappels. Pourquoi ? car durant cette période un certain nombre de contaminations auront eu lieu et qu’il faudra rediscuter d’un rappel ultérieur en fonction de la 6è vague épidémique que l’on aura subie.

On hurlait quand on disait qu’on allait faire des rappels tous les 6 mois et maintenant, on tombe dans une espèce de psychose où on dit que l’on va faire des rappels tous les 3 mois. Je pense qu’il faut parfois savoir garder son sang-froid.

En effet, Il faudra reconsidérer la stratégie vaccinale au vu de la courbe épidémique et des futurs vaccins disponibles.

A moyen terme, si malheureusement, l’efficacité des vaccins n’est pas durable, que la vague Omicron ne créé par d’immunité collective, qu’elle est très meurtrière et qu’elle oblige à des confinements, alors, dans un contexte où il n’y a pas de médicaments, il faudra autre chose que des vaccins « Wuhan ». Il faudra des vaccins de nouvelle génération.

Aussi, il n’est pas exclu que dans 3 ou 4 mois, la vague Omicron permette d’atteindre l’immunité collective tout en ayant réussi, avec notre campagne de vaccination, à protéger des formes graves. Si dans les 6 semaines, la vague est fulgurante et contamine 90 % de la population, elle va contaminer énormément de vaccinés, vous aurez la double immunité vaccinale et naturelle, alors les rappels actuels seront complètement caduques.

Est-ce qu’à un moment donné, il ne faut pas comprendre que l’on va avoir besoin des deux types d’immunité ? On a peut être trop mis d’espoirs sur des vaccins qui marchaient au-delà des espérances, en un temps record, et avec une nouvelle technologie. On a pris de l’avance, on s’est reposé sur cette avance. Avec les digues de la vaccination, on résiste très fort mais au final à un moment le tsunami va passer et ce sera terminé.

On va tous se contaminer, se faire notre immunité de rappel par la maladie et on ne se fera plus tester. On testera les malades qui arrivent à l’hôpital. Puis se posera la question de vacciner tous les ans les personnes âgées et/ou avec comorbidités, soit 15 à 20 millions de français, avec un vaccin adapté. On pourrait même faire un vaccin combiné grippe-covid. Ce ne sera pas la stratégie « zéro-covid » mais l’endémicité de la maladie.

Ces données qui montrent une baisse rapide du taux d’anticorps après le rappel ne vont-elles pas entrainer une de perte de confiance en la vaccination ?
Je ne crois pas qu’il y aura une perte de confiance en la vaccination si on voit qu’elle protège de façon limitée sur la contamination car la confiance porte sur l’efficacité contre les formes sévères. Et ça, le vaccin l’a toujours.

Le vaccin a sauvé plus d’un million d’américains et plus de 500 000 européens selon l’OMS. Les quelques cas que l’on a à l’hôpital de personnes qui étaient vaccinées et qui d’ailleurs n’y restent pas longtemps, nous disent plutôt « heureusement que j’étais vacciné sinon dans quel état je serais ».

Medscape

 

 

Portrait de jl06

Coronavirus : Bientôt une quatrième dose de vaccin pour lutter contre le variant Omicron ?

EPIDEMIE En France, « la quatrième dose de vaccination, c’est une possibilité », a déclaré le ministre de la Santé, Olivier Véran, lundi

Déjà mise en place par Israël, la quatrième dose de vaccin contre le coronavirus va-t-elle être adoptée par d’autres pays​ pour lutter contre l’essor fulgurant du variant Omicron ? En France, « la quatrième dose de vaccination, c’est une possibilité », a déclaré le ministre français de la Santé, Olivier Véran, lundi lors d’une conférence de presse.

« On est totalement ouverts à cette perspective », a déclaré le ministre de la Santé. Ces propos interviennent au moment où une campagne de rappel de vaccination anti-Covid, souvent dite « troisième dose », est déjà en cours en France et dans d’autres pays développés, afin de compenser la rapide perte d’efficacité des vaccins contre l’infection au coronavirus.

Doutes sur la période d’immunité

Pourquoi déjà penser à la suite ? A cause de l’arrivée fulgurante du variant Omicron, particulièrement contagieux et déjà dominant dans plusieurs pays comme les Etats-Unis. Plus qu’aucune incarnation précédente du virus, comme Delta, Omicron met les vaccins existants à rude épreuve. Ils protègent beaucoup moins contre l’infection à ce variant même si des vaccins, comme celui de Pfizer/BioNTech, semblent rester assez efficaces contre les formes graves.

On sait qu’une dose de rappel de certains vaccins – Pfizer, Moderna, AstraZeneca – relance considérablement l’immunité face à Omicron. D’où l’accélération des campagnes de « troisième dose » dans plusieurs pays. Mais on ignore encore pour combien de temps la dose de rappel donne cette immunité renouvelée. C’est pourquoi certains pays envisagent déjà une « quatrième dose », autrement dit un deuxième rappel, pour les plus fragiles dont notamment les personnes âgées.

L’intérêt réel pas encore mesuré

C’est le cas d’Israël. Juste avant Noël, son gouvernement a annoncé que tous les habitants de plus de 60 ans, ainsi que les soignants, auraient prochainement droit à une dose de plus. Comme souvent, ce pays, qui avait très tôt lancé ses premières campagnes de vaccination anti-Covid voici un an, se trouve en position de pionnier en la matière. En France, Olivier Véran a d’ailleurs dit attendre de voir ce qui se passerait en Israël pour juger de l’opportunité d’une quatrième dose.

Mais celle-ci ne fait pas l’unanimité, comme en témoigne un certain flou en Israël. Alors que son gouvernement a d’abord laissé entrevoir une campagne imminente au sein de la population, les quatrièmes doses n’ont finalement commencé à y être distribuées que dans des cas limités, dans le cadre d’essais cliniques. C’est tout le problème : il faut d’abord déterminer l’intérêt réel d’une nouvelle dose de rappel, voire ses risques éventuels, alors qu’il n’y a pour l’heure aucune donnée concrète en la matière.