Réformer l'OMS ?

30 Mai 2020
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L'assemblée annuelle de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est ouverte virtuellement pour la première fois de son histoire, lundi 18 mai, pour deux jours. Ouvrant les discussions, le secrétaire général de l'Onu Antonio Gurerres a critiqué les pays ayant « ignoré les recommandations de l'OMS », estimant que le monde payait aujourd'hui au « prix fort » les stratégies divergentes. « En conséquence, le virus s'est répandu dans le monde entier et se dirige maintenant vers les pays du Sud, où il pourrait avoir des effets encore plus dévastateurs », a-t-il ajouté, appelant à un « effort multilatéral énorme » face à cette « tragédie », indique l'AFP. « J'espère que la recherche d'un vaccin pourra en être le point de départ », a-t-il dit, à l'ouverture de la réunion. Comme en écho, le président chinois Xi Jinping a assuré qu'un éventuel vaccin chinois deviendra un « bien public mondial », promettant que son pays consacrerait, par ailleurs, deux milliards de dollars sur deux ans à la lutte mondiale contre la Covid-19. Les 194 pays membres de l'OMS, dont les Etats-Unis et la Chine, ont adopté mardi 19 mai une résolution prévoyant une « évaluation indépendante » de la réponse de l'agence onusienne à la pandémie de nouveau coronavirus. Ce texte approuvé par consensus prévoit de lancer « au plus tôt (...) un processus d'évaluation impartiale, indépendante et complète » de l'action internationale coordonnée par l'OMS engagée face à la pandémie, en vue « d'améliorer les capacités mondiales de prévention, de préparation et de riposte face aux pandémies ». Le texte demande aussi de lancer « au plus tôt (...) un processus d'évaluation » pour examiner la riposte sanitaire internationale et les mesures prises par l'Organisation mondiale de la santé face à la pandémie. Il appelle aussi l'OMS à « collaborer étroitement avec l'Organisation mondiale de la santé animale, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture et les pays (...) en vue d'identifier la source zoonotique du virus et de déterminer par quelle voie il s'est introduit dans la population humaine, (...) notamment moyennant des missions scientifiques et des missions de collaboration sur le terrain ». La résolution préconise également une poursuite des travaux sur cette crise sanitaire, notamment via des « missions scientifiques et collaboratives sur le terrain » afin d’identifier l’origine animale du nouveau coronavirus ainsi que les modalités de franchissement de la barrière des espèces et les voies de transmission à l’homme.
« Aucun sujet n'a été évité » dans la résolution, comme le fait de « continuer à réformer l'OMS et notamment ses capacités qui se sont révélées insuffisantes pour prévenir une crise de cette ampleur », a assuré une source européenne, citée par l'AFP. De son côté, Washington, qui accuse Pékin d'avoir dissimulé l'ampleur de l'épidémie, est engagé dans un bras de fer avec l'OMS, accusée par le président américain Donald Trump de s'être « plantée » dans la gestion de la pandémie en s'alignant sur la position chinoise. Il a dans la foulée suspendu la contribution américaine à l'OMS. Donald Trump a d'ailleurs expliqué lundi 18 mai que la suspension du financement américain à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) deviendra permanente si celle-ci ne s'engage pas sous 30 jours à procéder à des « améliorations » majeures, et qu'il pourrait aussi reconsidérer l'adhésion des Etats-Unis à l'agence onusienne, indique l'AFP. Le président américain a annoncé, mi-avril, avoir demandé à son administration de cesser de financer l'OMS, l'accusant d'avoir « failli à ses devoirs essentiels » dans la lutte contre le coronavirus et d'avoir encouragé la « désinformation » chinoise au sujet de l'épidémie, ce qui aurait conduit à une crise sanitaire plus importante. Les Etats-Unis étaient, l'an dernier, le plus gros contributeur au budget de l'OMS, à laquelle ils ont versé plus de 400 millions de dollars, soit environ 15% du total. L'administration américaine a déjà engagé des discussions avec l'OMS sur des moyens pour réformer celle-ci, ajoute le chef de la Maison blanche dans un document de quatre pages. Comme le rappelle L'AFP, la question de l'origine du virus empoisonne aussi les relations entre la Chine et les Etats-Unis. Les Etats-Unis réclament depuis plusieurs semaines une enquête sur l'origine du virus en Chine car ils soupçonnent Pékin d'avoir caché un accident de laboratoire qui aurait été à l'origine de la pandémie. Washington accuse aussi la Chine de tenter de pirater la recherche américaine sur un vaccin, en pleine rivalité américano-européenne sur un futur vaccin. Et M. Trump a menacé de « couper toute relation » avec Pékin. De son côté, Emmanuel Macron a appelé, lors de la 73e Assemblée mondiale de la santé, à l'unité dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus et insisté une nouvelle fois sur l'importance d'un vaccin « accessible » à tous, note Reuters. « Au moment où les soignants se battent contre la pandémie, au moment où les populations de tous nos pays font face, avec courage, nous n’avons pas le droit de nous diviser, nous n’avons pas le droit de nous dérober, nous avons, collectivement, un devoir d’efficacité », a déclaré le chef de l’Etat français lors de cette visioconférence. « La priorité, absolue, la seule qui vaille, c’est de venir à bout de cette pandémie ». Et d'affirmer : « Un vaccin, s’il est découvert face à la Covid-19, sera un bien public mondial, auquel chacun devra pouvoir avoir accès ».