Relations hors mariage sanctionnées

18 Décembre 2022
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Le Parlement indonésien a approuvé mardi 6 décembre un texte criminalisant le sexe hors mariage et le concubinage. Cette mesure a été prise dans le cadre d’une réforme du code pénal, qui date de l'époque coloniale néerlandaise ; elle a été adoptée à la majorité des députés-es. Le texte, qui doit encore être signé par le président Joko Widodo, entrera en vigueur dans trois ans. Il rend passibles d'un an de prison les relations sexuelles hors mariage, et de six mois de prison la cohabitation des couples non mariés, selon un exemplaire de la loi consulté par l'AFP. « Nous avons fait de notre mieux pour tenir compte des questions importantes et des différentes opinions qui ont été débattues », a déclaré, devant le Parlement, le ministre de la Justice, Yasonna Laoly. « Cependant, il est temps pour nous de prendre une décision historique sur l'amendement du code pénal, et de laisser derrière nous le code pénal colonial dont nous avons hérité » lors de l'indépendance du pays en 1949. Un porte-parole du comité chargé d'élaborer le projet au ministère de la Justice, Albert Aries, a affirmé que la réforme protégera l'institution du mariage. Albert Aries a souligné que les relations sexuelles prémaritales et extra-maritales ne pourront être dénoncées que par le conjoint, les parents ou les enfants, ce qui limitera de facto la portée du texte. La réforme a été critiquée par les défenseurs-ses des droits humains, qui dénoncent un recul des libertés, et par les milieux d'affaires indonésiens. Ces derniers estiment que cette mesure nuira au tourisme, bien que les autorités aient assuré que les étrangers-ères visitant l'île de Bali ne seront pas affectés-es. Les États-Unis ont critiqué un « recul en matière de droits humains » et mis en garde contre les possibles conséquences économiques en Indonésie. « Nous sommes préoccupés par la façon dont ces changements pourraient affecter les droits humains et (le principe de) liberté fondamentale en Indonésie », a expliqué à la presse le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price, avant d'émettre aussi des inquiétudes sur l'impact que pourrait avoir cette décision du Parlement indonésien sur « les citoyens américains vivant dans le pays ou en visite, et les investissements des entreprises ». Les premières versions du projet de loi prévoyaient aussi de rendre l'homosexualité illégale, mais cette disposition a disparu du texte final. Pour Andreas Harsono, de l'organisation Human Rights Watch, la prohibition du sexe hors mariage et du concubinage pourrait cependant être utilisée pour « criminaliser » la communauté LGBTQ+, dans un pays qui n'autorise pas le mariage entre personnes du même sexe. Selon les groupes de défense des droits humains, les nouveaux amendements soulignent aussi un glissement croissant vers le fondamentalisme, dans un pays longtemps salué pour sa tolérance et qui reconnaît cinq religions officielles aux côtés de l'islam majoritaire. « L'adoption du projet de loi sur le code pénal constitue clairement un recul dans la protection des droits civils (...) notamment la liberté d'expression et la liberté de la presse », a affirmé, à l'AFP, Usman Hamid, directeur d'Amnesty International Indonésie. Autre réforme approuvée mardi 6 décembre : la peine de mort, souvent prononcée en Indonésie pour les crimes liés à la drogue, sera désormais assortie d'une période de probation de 10 ans, à l'issue de laquelle elle pourra être commuée en prison à vie si le-la condamné-e a fait preuve d'un « comportement exemplaire ».