Remboursement des préservatifs : les réactions

9 Décembre 2018
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La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé que la Haute autorité de santé avait émis un avis favorable au remboursement du préservatif. En pratique, à compter du 10 décembre, les préservatifs de la marque Eden (laboratoire français Majorelle) feront l’objet d’une prise en charge par l’Assurance maladie. Cette annonce a suscité des réactions de satisfaction. Cette possibilité de prescription est « une bonne idée qui correspond à un certain nombre de situations pour des adolescents », se félicite Jacques Battistoni, le président de MG France, le premier syndicat de généralistes. À AIDES Aides, Caroline Izambert, responsable Plaidoyer et mobilisations citoyennes, assure qu’il s’agit d’une « mesure importante » qui répond à une demande associative. « C’est une flèche de plus à notre arc en matière de prévention », dit-elle, en assurant que « la prévention se construit dans le dialogue, pas tout seul avec sa pièce de 2 euros le soir devant le distributeur », indique Le Monde. « Tout ce qui favorise l'accès aux outils de prévention quels qu'ils soient ne peut être qu'une bonne nouvelle (...) Il ne doit pas y avoir d'obstacle financier, quel que soit le moyen choisi », a salué Florence Thune, directrice générale du Sidaction, interrogée par l'AFP. Florence Thune exprime toutefois une inquiétude sur « la facilité pour un jeune d'aller prendre rendez-vous avec un médecin, souvent le médecin de famille, pour parler de sexualité ». « La prise en charge et l'obtention sur prescription médicale d'Eden vont permettre de redynamiser l'image du préservatif, en envoyant un signal fort qu'il ne s'agit pas d'un gadget sexuel mais bien d'un véritable outil de prévention indispensable, et de développer son usage, notamment auprès des jeunes et de nouveaux utilisateurs dont le pouvoir d'achat est très contraint », estime Majorelle. Les associations espèrent que d'autres marques lui emboîteront le pas, pour s'adapter aux préférences et aux besoins de chacun (allergie au latex, par exemple), et plaident pour que le préservatif féminin soit aussi concerné par le dispositif. « Cette initiative ne doit pas se faire au détriment des budgets pour la distribution gratuite de préservatifs », souligne aussi Caroline Izambert. L’association AIDES distribue gratuitement près d’un million de préservatifs par an sur ses actions de terrain. Selon Agnès Buzyn, le ministère de la Santé finance la distribution d'environ cinq millions de préservatifs gratuits par an. 120 millions de préservatifs au total ont été vendus en France l'an dernier - les deux tiers en grande surface et un tiers en pharmacie - selon Majorelle.