Rétentions administratives : la Cimade dénonce

22 Novembre 2017
3 888 lectures
Notez l'article : 
0
 

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron et la nomination de Gérard Collomb au ministère de l’intérieur, le volet répressif de la politique migratoire s’est considérablement renforcé, dénonce la Cimade, dans un communiqué de presse (9 novembre). "Entre le développement des contrôles au faciès et des contrôles frontières sous prétexte de lutte antiterroriste, et les instructions données aux préfets après l’attentat de Marseille, le nombre de personnes enfermées en centre de rétention administrative (CRA) a été multiplié par deux. Une situation inédite qui entraîne la violation massive des droits des personnes privées de libertés, explique l’organisation non gouvernementale. Dans des centres de rétention administrative où la Cimade intervient le nombre de personnes enfermées a doublé par rapport à la même période en 2016 : du 2 octobre au 8 novembre 2017, 1 058 personnes y étaient privées de liberté, contre 569 l’an passé. Ce rythme effréné se traduit par une explosion de violations des droits des personnes étrangères par les préfectures, dénonce l’ONG. "En métropole, depuis le 2 octobre, 41 % des personnes enfermées ont ainsi été libérées par des juges qui ont constaté et sanctionné des pratiques administratives ou policières illégales - contre 30 % en 2016. Des familles sont séparées, huit enfermées pour le seul CRA du Mesnil-Amelot ces 15 derniers jours, des ressortissants de pays à risque (Afghanistan, Erythrée, Soudan) sont menacés d’y être expulsés, des demandeurs d’asile visés par des transferts Dublin sont enfermés en rétention en dépit d’une récente décision de la Cour de cassation qui condamne et interdit cette pratique. Déjà éprouvantes habituellement, les conditions de privation de liberté sont aggravées en raison de taux d’occupation des CRA particulièrement élevés. A Toulouse, il est passé de 42 % à 90 % pour le secteur des hommes. A Bordeaux, le CRA est plein depuis un mois. La séparation des personnes enfermées avec leurs proches et leurs soutiens est accentuée, les préfets n’hésitant pas à les transférer dans des CRA très éloignés de leur lieu de résidence. "La Cimade demande la fin de cet enfermement aveugle qui viole les droits des personnes. Elle dénonce les actes et les discours qui stigmatisent toute une catégorie de la population vivant en France, et une politique qui sous couvert de lutte contre le terrorisme, préfigure la politique d’immigration qu’entend mener ce nouveau gouvernement", conclut le communiqué.