Retraites : appel à la grève

16 Janvier 2023
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Les huit principaux syndicats français ont annoncé (10 janvier) une première journée de grève et de manifestation, le 19 janvier, pour protester contre le projet de loi du gouvernement qui entend faire reculer l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Cette première journée doit « donne(r) le départ d’une puissante mobilisation sur les retraites dans la durée », affirment, dans un communiqué commun, ces huit syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU), dont les secrétaires généraux et présidents se sont réunis à la Bourse du travail, le 10 janvier. La première ministre Élisabeth Borne avait annoncé, un peu plus tôt dans la journée, le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans à l’horizon 2030, pour « garantir l’équilibre du système en 2030 », avec une accélération de l’augmentation de la durée de cotisation. Les syndicats avaient prévenu de longue date qu’ils s’opposeraient à tout recul de l’âge de départ, qu’il soit mis à 64 ou à 65 ans. « Cette réforme va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs et travailleuses, et plus particulièrement celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population, et celles et ceux dont la pénibilité des métiers n’est pas reconnue », ont, à nouveau, dénoncé les syndicats dans leur communiqué du 10 janvier. « Le système de retraites par répartition n’est pas en danger, rien ne justifie une réforme aussi brutale », écrivent-ils. La mesure d’âge s’accompagne d’un allongement de la durée de cotisation requise pour toucher sa retraite à taux plein de 42 à 43 ans dès 2027. « Ni la concertation menée depuis trois mois ni l’apparente concession faite sur l’âge du départ à la retraite qui devait passer à 65 ans dans le projet initial n’ont permis au gouvernement de nouer le moindre compromis avec les organisations syndicales. La plupart ont certes nourri sa réflexion sur les carrières longues, la pénibilité, l’emploi des seniors et l’amélioration du montant des petites retraites. Jamais, en revanche, elles ne se sont inscrites dans la finalité du projet qui impacte surtout ceux qui ont commencé à travailler tôt, autrement dit les moins diplômés », rappelle Le Monde dans un édito (11 janvier). Du côté du gouvernement, on fait valoir que derrière la décision paramétrique (le recul de l’âge de départ), un accompagnement social a été pensé. La Première ministre, Élisabeth Borne, a ainsi annoncé (10 janvier) que la réforme des retraites mettra en place un dispositif « plus juste » pour les carrières longues, « notamment pour les femmes », qui prendra en compte les « périodes de congé parental ». « Nous rendrons le dispositif carrières longues plus juste, notamment pour les femmes », a expliqué la cheffe du gouvernement.  « Avant ce projet, les périodes de congé parental n’étaient pas prises en compte dans la durée pour en bénéficier. Cela sera désormais le cas », a-t-elle affirmé.  Ainsi, « davantage de Français seront concernés par le dispositif », soit au total un sur cinq « arrivant à la retraite dans les prochaines années », a-t-elle précisé. « Le dispositif de carrières longues sera adapté pour qu’aucune personne ayant commencé à travailler tôt ne soit obligée de travailler plus de 44 ans », a précisé l’exécutif. Pour résumer, l’âge légal de départ à la retraite atteindra 64 ans en 2030, contre 62 ans aujourd’hui. La réforme prévoit aussi d’accélérer l’allongement de durée de cotisations, avançant à 2027 l’exigence de 43 années de cotisations pour une pension à taux plein au lieu de 2035. L’âge légal sera progressivement relevé au rythme de trois mois par an à partir du 1er septembre. Il sera donc fixé à 63 ans et 3 mois en 2027 à la fin du quinquennat, puis atteindra la cible de 64 ans en 2030. « Pour bénéficier de sa retraite à taux plein, il faudra, dès 2027, avoir travaillé 43 ans, durée de cotisation votée dans le cadre de la loi Touraine de 2014 », qui avait fixé l’échéance à 2035, est-il écrit. La réforme « actera l’extinction des principaux régimes spéciaux »: « les nouveaux-elles embauchés-es à la RATP, dans la branche Industries électriques et gazières et à la Banque de France » seront notamment affiliés-es au régime général pour la retraite. Selon l’exécutif, il y a « urgence » à redresser un régime qui pourrait afficher une vingtaine de milliards d’euros de déficit en 2030. « Laisser s’accumuler » les « déficits serait irresponsable », a estimé Élisabeth Borne, assurant proposer un « projet de justice et un projet porteur de progrès social ».