Russie : agression sérophobe

16 Avril 2021
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Il s’appelle Ilya Bronsky. Il a plus de 62 000 abonnés-es sur Instagram. Il est Russe et il fait partie des rares personnes à parler de son homosexualité et de sa séropositivité à visage découvert en Russie. Mais cette visibilité n’est pas dénuée de risques dans le pays dirigé par Poutine. Samedi 3 avril, Ilya Bronsky s’est fait agresser dans sa ville, Saint-Pétersbourg, en pleine rue et en plein jour par un passant qui l’a reconnu et qui lui a assené des coups et des insultes homophobes. Après un passage aux urgences, le blogueur a partagé la photo de son visage tuméfié avec son nez cassé sur son compte twitter en précisant qu’il allait porter plainte. Quelques jours plus tard, Ilya Bronsky s’est confié au quotidien russe rt.com expliquant avoir reçu des menaces suite à un témoignage récent où il racontait les difficultés d’être séropositif en Russie. « Apparemment, ce n’était pas des menaces en l’air. Maintenant, je suis traumatisé ». Le mois dernier, le jeune consultant en communication avait accepté de témoigner sur le site d’information TJ sur la réalité du VIH en Russie. Il avait déclaré, entre autres : « La stigmatisation autour du VIH est chose commune, mais j’ai de la chance, mes amis sont informés et leur attitude à mon égard n’a pas changé (…). Grâce aux personnes qui parlent ouvertement de leur séropositivité, les clichés s’écroulent et de plus en plus de personnes apprennent des informations fiables sur le VIH », déclarait alors Ilya Bronsky. Depuis son agression, le blogueur reste convaincu qu’il y encore beaucoup à faire notamment pour informer la population russe sur les modes de transmission du VIH et le Tasp (traitement comme prévention). Parmi les nombreux commentaires dont il a fait l’objet suite à la médiatisation de son agression, quelqu’un a écrit : « La personne qui l’a frappé n’avait-elle pas peur de se faire infecter en le touchant ? » La situation concernant l’épidémie de VIH en Russie est très inquiétante avec une estimation de 250 personnes infectées chaque jour. Les ONG pointent du doigt un manque d’éducation sexuelle à l’école, mais aussi une homophobie très ancrée dans la société russe et un manque de culture sanitaire de la réduction des risques liés à l’injection.