Salles de consommation : une expérimentation de longue durée

8 Septembre 2014
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Le ministère de la Santé prévoit une expérimentation de salles de consommation de drogue à moindre risque (SCMR) pendant une durée de six ans, selon l'avant projet de loi relatif à la santé dont l'AFP a obtenu copie. L’agence précise que le texte précise dans son article 8 que "à titre expérimental et pour une durée de six ans", des centres d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour toxicomanes mettront en place un espace de consommation de drogues supervisée. "Dans cet espace, sont accueillis des usagers de stupéfiants et d'autres substances psychoactives, majeurs, qui apportent et consomment sur place ces produits, sous la supervision" de professionnels de santé et du secteur médico-social, précise le texte. Comme le détaille l’AFP, la supervision, ajoute l'avant-projet, consiste à "mettre en garde les usagers contre les pratiques à risques, à les accompagner et leur prodiguer des conseils" sur les modalités de consommation des drogues, "afin de prévenir ou de réduire les risques de transmission des infections et les autres complications sanitaires", sans que les professionnels participent "aux gestes de l'injection". Il est également prévu qu’une "évaluation de l'expérimentation aura lieu six mois avant la fin" de la période. Le projet de loi doit être présenté en Conseil des ministres en septembre, pour un examen au Parlement début 2015. Les centres qui mettront en place ces salles de consommation de drogue à moindre risque seront désignés par arrêté du ministre chargé de la Santé. Un centre devait voir le jour l'an dernier près de la gare du Nord à Paris, mais avait été reporté sine die en octobre 2013 quand le Conseil d'Etat a recommandé, en préalable à toute expérimentation, l'adoption d'une loi, afin d'assurer une meilleure garantie juridique au dispositif. Le gouvernement avait donné en février 2013 son feu vert à l'expérimentation de la salle, destinée aux personnes usagères de drogues précarisées, qui se shootent dans la rue, les sanisettes, parkings ou halls d'immeubles, dans des conditions d'hygiène déplorables et donc dangereuses pour elles. Dans son exposé des motifs, le ministère de la Santé rappelle que de telles salles existent dans plusieurs pays européens (Allemagne, Luxembourg, Espagne, Suisse) et que "leur bilan est positif pour protéger" les toxicomanes "des risques sanitaires de l'injection". Ces salles ont aussi pour objectif de "réduire les nuisances dans l'espace public", précise-t-il. Reste une question, si ce dispositif a déjà fait ses preuves ailleurs, pourquoi une expérimentation si longue ?