Santé en prisons : l’OIP dénonce

19 Juillet 2022
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Le 6 juillet dernier, l'Observatoire international des prisons (OIP) publiait un rapport sur l’accès aux soins en détention, tout particulièrement l’accès aux médecins spécialistes. Le rapport pointe le manque budget, de personnel, de matériel ou de locaux adaptés. Délais interminables, rendez-vous hospitaliers annulés faute d'escorte, examens menottés sous les yeux d'un-e surveillant-e... tout y est. Le rapport de l’OIP dénonce l'accès très compliqué aux soins spécialisés pour les détenus-es. Le bilan est sombre. Premier constat : les délais d'obtention de rendez-vous : plusieurs mois — voire jamais — pour les spécialités les plus demandées (soins dentaires, kinésithérapie, cardiologie, ophtalmologie), note le rapport, qui n’a travaillé que sur les soins physiques (et pas les soins psychiatriques), précise l’AFP. Pour les soins en détention — dans les unités sanitaires des prisons — c'est le manque de personnel, de matériel ou de locaux adaptés et de budget qui sont en cause. Cités par l'OIP, des soignants-es décrivent les « systèmes D » mis en place comme « l'auto-rééducation » aux résultats aléatoires prescrite faute de kinésithérapeute ; la douleur traitée « avec de grosses prescriptions de morphine » malgré le risque de dépendance, les interventions dentaires « par défaut » par des praticiens-nes parfois réduits à de simples « arracheurs de dents ». Sortir de prison « pour mourir ». Le rapport note aussi que par manque de personnel et d'équipement ou pour les opérations chirurgicales, les personnes détenues sortent de prison pour certains soins (entre 30 000 et 50 000 extractions médicales pour 2020, selon les autorités). Ces sorties sont très souvent annulées en dernière minute, souvent faute d'escorte disponible, dénonce l'OIP. Au point que le médecin est parfois contraint de « choisir » entre une urgence et un IRM « prévu depuis des mois », a décrit, lors d’une conférence de presse de présentation du rapport, la médecin cheffe de l'hôpital pénitentiaire de Fresnes, Anne Dulioust. Souvent aussi, reconnaît l'OIP, c'est la personne détenue elle-même qui annule son rendez-vous médical. Parfois à cause du travail ou d'un parloir (pour des raisons de sécurité, les détenus-es ne sont généralement pas prévenus-es par avance de leur extraction), souvent aussi par « crainte de conditions d'extraction indignes », d'« humiliations »et de la « violation du secret médical », assure l'association. En effet, dans la majorité des cas et en violation du secret médical, le ou les surveillants-es restent dans la pièce, parfois même pendant les interventions chirurgicales. Ces pratiques ont valu à la France une condamnation de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) en 2011. L'OIP regrette enfin que les permissions de sortie pour soins, qui constitueraient une bonne alternative et coûteraient « moins cher », ne soient encore que trop peu octroyées. Quant à la suspension de peine pour raison médicale, relève le rapport, elle est « avant tout sollicitée dans le cadre de la fin de vie, dans le but de permettre aux personnes détenues de mourir dans des conditions dignes ».