Santé mentale et Covid-19

16 Mai 2020
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Le nombre grandissant de cas et de décès liés au Covid-19 a été à l’origine de la mise en place d’un confinement de la population française à partir du 17 mars 2020. Cette crise épidémique, ainsi que les conditions de vie en confinement sont susceptibles d’avoir un impact sur la santé mentale de la population. Cette situation particulière et inédite a conduit Santé publique France à mettre en place une surveillance comportementale et psychologique dont l’objectif est, entre autres, d’évaluer l’état de la santé mentale de la population, d’en identifier les déterminants et d’en suivre les évolutions. Pour ce faire, les chercheurs-ses sont partis-es d’échantillons de la population générale issus d’un access panel de l’institut de sondage BVA. Lors de chacune des vagues, un échantillon indépendant de 2 000 personnes âgées de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine a été interrogé par Internet. Les données présentées, ici, sont issues des deux premières vagues du 23 au 25 mars et du 30 mars au 1er avril 2020. Lors de la première vague, la prévalence de l’anxiété était de 26,7 %, soit un taux deux fois supérieur à celui observé dans une enquête précédente (13,5 % en 2017). En vague 2, la prévalence de l’anxiété avait significativement diminué à 21,5 %. Un risque plus élevé d’anxiété était associé à des caractéristiques sociodémographiques : être une femme, un parent d’enfant(s) de 16 ans ou moins, déclarer une situation financière difficile ; aux conditions de vie liées à la situation épidémique : télétravailler en période de confinement et avoir un proche malade ou ayant eu des symptômes du Covid-19 ; aux connaissances, perceptions et comportements face au Covid-19 : percevoir le Covid-19 comme une maladie grave et se sentir vulnérable face à cette maladie. À l’inverse, avoir une bonne connaissance des modes de transmission de la maladie, respecter les mesures de confinement, se sentir capable d’adopter les mesures de protection et avoir confiance dans l’action des pouvoirs publics diminuaient le risque d’anxiété, notent les auteurs-es de l’étude. Par ailleurs, la « diminution de la prévalence de l’anxiété n’a pas été observée chez des personnes déclarant une situation financière difficile, celles de catégories socioprofessionnelles les moins favorisées ou encore celles vivant en promiscuité, traduisant ainsi un creusement des inégalités de santé en situation de confinement ». « Ces premiers résultats ont permis de conforter et d’ajuster la réponse visant à promouvoir la santé mentale et à prévenir l’installation ou l’aggravation de troubles psychologiques. Ils mettent aussi en évidence la nécessité de protéger et d’accompagner les ménages les plus précaires. Enfin, ils suggèrent un effet protecteur du confinement sur l’anxiété et interrogent sur une possible évolution à la hausse des états anxieux après le confinement », analysent les auteurs-rices.

Auteurs : Chan-Chee Christine, Léon Christophe, Lasbeur Linda, Lecrique Jean-Michel, Raude Jocelyn, Arwidson Pierre, du Roscoät Enguerrand - Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 2020, n°. 13, p. 260-269