SCMR : Aubry tacle Darmanin

28 Juin 2021
1 206 lectures
Notez l'article : 
0
 

Comme le révélait La Voix du Nord (23 juin) (lien sur le papier envoyé hier pour Seronet sur drogues), le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a fait part de sa « ferme opposition » au projet de la ville de Lille dirigée par Martine Aubry d’ouvrir une salle de consommation à moindre risque (SCMR) en octobre dans la ville. La maire Ps de Lille a jugé cette position « inappropriée ». Dans un courrier daté du lundi 21 juin, adressé au préfet du Nord et dont l’AFP a eu connaissance, Gérald Darmanin écarte ainsi tout soutien de l’État à ce projet. « La drogue ne doit pas être accompagnée, mais combattue », écrit le ministre, dans son registre martial habituel… très éloigné des enjeux de santé publique. Il fait valoir que « depuis la vote de la loi Santé de janvier 2016, les services du ministère de l’Intérieur ont pu constater sur le terrain les conséquences extrêmement néfastes de la création des SCMR de Paris et de Strasbourg ». La ville de Lille a déposé un dossier pour l’expérimentation d’une salle de ce type, comme la loi le permet, à partir du 1er octobre à l’écart du centre-ville. La procédure a fait l’objet d’un avis positif du ministère de la Santé, note l’AFP. Elle doit encore recueillir l’avis du Premier ministre. C’est ce dernier qui « tranchera après avoir demandé l’avis du préfet et du procureur de la République », a rappelé mercredi 23 juin à l’AFP la maire de Lille, précisant avoir « parlé » de ce dossier avec Jean Castex, le 22 juin dernier. « Je m’étonne qu’un ministre prenne partie contre une loi où le Premier ministre doit prendre une décision », a réagi Martine Aubry à la sortie de Gérald Darmanin, dénonçant des « propos inappropriés ». « Quand on est ministre, on applique les lois. Et la loi aujourd’hui dit qu’on a le droit de déposer un dossier d’expérimentation, ce que nous faisons. Je pense que notre dossier est complet : il a été travaillé de manière très collaborative, avec la police, la justice, les médecins, le CHU, les associations, tout le monde », a-t-elle souligné, citée par l’AFP. Selon elle, il ne faut pas « opposer les problèmes de santé publique et de sécurité publique », mais « prendre le problème par tous les bouts ». La préfecture du Nord a indiqué à l’AFP que « compte tenu du caractère national de l’expérimentation », « le préfet du Nord a saisi le ministre de l’Intérieur à la suite de la sollicitation de la mairie de Lille concernant un projet de création d’une salle de consommation à moindre risque ». L’argument est discutable car l’expérimentation existe déjà à Paris et Strasbourg depuis 2016 et que le cadre dérogatoire qui leur permet d’opérer prend fin en 2022. Le ministère de la Santé a, de son côté, officialisé le 4 juin son souhait d’autoriser durablement l’existence de ces salles de consommation à moindre risque, face au bilan « positif » des deux structures actuellement en activité. Mais les tensions créées par Gérald Darmanin s’inscrivent sans doute dans le contexte de la fin de cette expérimentation. La pérennisation des salles de consommation à moindre risque nécessite de les inscrire dans la loi avant la fin du mandat présidentiel d’Emmanuel Macron.