SCMR : un service d’hébergement à Strasbourg

6 Septembre 2019
3 844 lectures
Notez l'article : 
0
 

La salle de consommation de drogues à moindre risque de Strasbourg, Argos, se prépare à loger début 2020 une dizaine de personnes usagères de drogues, une expérience unique en France, inspirée par des initiatives canadienne et allemande. Sur les quelque 500 inscrits-es de la salle, dix, puis à plus long terme vingt, pourront y être hébergés-es pendant quelques mois, le temps de se soigner, avant de rejoindre un hébergement plus pérenne. Ils-elles accéderont à leur hébergement par une entrée séparée de celle utilisée par les personnes consommatrices venues s'injecter, inhaler ou sniffer dans la salle de consommation, indique l’AFP. Ici, pas de riverains, pas de polémique, puisque la salle, ouverte depuis l'automne 2016 dans le cadre d'une expérimentation nationale, est installée au sein d'un hôpital, à distance de toute habitation. « La moitié des personnes accueillies n'a pas d'hébergement. Si vous avez une infection pulmonaire, une hépatite, un abcès, on peut organiser les soins chez vous avec une infirmière, mais si vous êtes à la rue, ces soins de base ne peuvent pas être réalisés », explique le Dr Alexandre Feltz, adjoint à la mairie de Strasbourg chargé de la Santé. Alors que « l'espérance de vie des gens à la rue est la même que celle des pays les plus pauvres au monde - autour de 45 ans - il est très important de sortir les gens de la rue, notamment les toxicomanes et les gens malades », souligne l’élu, cité par l’AFP. « La prévalence de l'hépatite C a largement baissé mais il reste 20 à 25 % de prévalence chez les usagers », complète Gauthier Waeckerle, directeur de l'association Ithaque, qui gère la salle Argos. Cette maladie se soigne aujourd'hui en un à deux mois... à condition de suivre un traitement avec régularité. Nombre des usagers d'Argos restent aujourd'hui à la porte du système « classique » d'hébergement d'urgence en raison de l'interdiction d'y consommer des drogues mais également du refus d'accueillir leurs chiens. Des chiens qui seront les bienvenus dans l'hébergement, dans la limite de trois ou quatre animaux à la fois, indique l’AFP. « Plus de la moitié des personnes qui viennent à la salle ne fréquentaient pas d'autre dispositif", rappelle Gauthier Waeckerle, qui espère pouvoir loger 60 à 80 résidents-es par an, avec une rotation tous les deux mois environ. Ceux-celles qui quitteront cet hébergement devraient pouvoir basculer vers un dispositif dédié aux personnes en errance et souffrant d'addictions ou de maladies mentales, qui compte cent places à Strasbourg. Pour ce nouveau service d’hébergement, ce ne sont pas moins  de 750 000 euros qui ont été investis, répartis entre la ville de Strasbourg, l'Agence régionale de santé (ARS) et les hôpitaux universitaires de Strasbourg. Des services d’hébergement de ce type existent en Allemagne (le site East Side, sur 3 000 m², dans une usine désaffectée proche de Francfort) ou à Vancouver (Canada).