Ségur : la santé, c’est plus que l’hôpital !

23 Juin 2020
1 943 lectures
Notez l'article : 
0
 

Le titre est clair : « La santé, c’est plus que l’hôpital ! » Il montre bien que l’initiative gouvernementale, le Ségur de la santé, lancée en pleine crise sanitaire, n’est pas conduite actuellement comme il le faudrait. L’initiative  vise à « tirer collectivement les enseignements de l’épreuve traversée face à la Covid-19 et faire le lien avec le plan "Ma santé 2022" pour bâtir les fondations d’un système de santé encore plus moderne, plus résilient, plus innovant, plus souple et plus à l’écoute de ses professionnels, des usagers et des territoires ».  C’est la façon dont le ministère de la Santé présente le Ségur de la santé. Lancé le 25 mai 2020, les travaux doivent aboutir à la mi-juillet à des « solutions fortes » qui intégreront notamment la revalorisation des rémunérations et des carrières. Il faut donc sortir en quelques semaines, ce qui n’a pas pu être fait en plusieurs années. On voit la hauteur du défi, alors que la crise sanitaire n’est pas encore finie. On en voit aussi les limites car le Ségur est très centré sur l’hôpital et surtout les soignants-es, enfin beaucoup les médecins. D’où la publication (17 juin), d’une tribune qui dénonce l’oubli dans le processus en cours, de « celles et ceux qui construisent, avec les habitants-es, les personnes soignées et accompagnées, les réponses de santé publique et de prévention ». Ce qui pose problème aux structures signataires (Élus Santé Publique & Territoires, Fabrique Territoires Santé,  Fédération nationale d’éducation et de promotion de la santé, Institut Renaudot, Réseau français des Villes-Santé de l’OMS, Société française de santé publique, Chaire Unesco Éducations & Santé et AIDES), c’est, entre autres, le fait que la santé des Français-es exige davantage qu’un Ségur, expédié en quelques semaines avec des consultations expéditives. Dans leur texte, les signataires « demandent de véritables États généraux de la santé dans chaque région pour une convergence nationale respectant la diversité des territoires ». Ils notent aussi que la « refondation », pourtant annoncée à l’occasion, est limitée par le champ de réflexion imposé par le gouvernement : la gestion immédiate de la maladie. Ce choix conduit à écarter l’expertise, mais aussi la parole d’autres acteurs-rices : élus-es locaux, professionnels-les impliqués-es dans des dynamiques territoriales de santé, de démarches de santé communautaire, d’éducation pour la santé et ce avec les habitants-es et les personnes soignées et accompagnées, qui sont, pourtant, les premières concernées et les mieux placées pour identifier les problèmes et construire les réponses. À titre d’exemple, le Ségur se tient sans expert-e de la promotion de la santé et de la santé des populations. Dans leur tribune, les structures signataires, réunies en coalition,  affirment qu’une véritable refonte du système de santé doit : obéir à certains principes (la co-élaboration et le partage de la décision avec TOUTES les parties prenantes…) ; veiller à « une valorisation des coopérations et coordinations locales portées par les villes », assurer « un véritable déploiement de la pratique des soins en exercice coordonné », permettre « une mobilisation des ressources et acteurs-rices locaux permettant d’apporter des réponses plus appropriées à des problématiques complexes tels le coronavirus, les conséquences sanitaires du réchauffement climatique et la reproduction intergénérationnelle des inégalités sociales et de santé ».
« La santé des Français-es exige plus qu’un Ségur : ouvrons des États généraux de la Santé dans chaque région pour une convergence nationale respectant la diversité de nos territoires ! », rappelle la coalition en conclusion.