Sénégal : une homophobie politique

27 Mars 2022
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Homophobie institutionnelle. Ousmane Sonko est un des chefs de l’opposition au Sénégal ; il est arrivé troisième de la présidentielle de 2019. C’est donc une figure connue de la vie politique nationale. Le 12 mars dernier, Ousmane Sonko s’est déclaré en faveur d’une loi durcissant la répression de l’homosexualité. Ce serait d’ailleurs un de ses premiers actes présidentiels s’il était élu chef de l’État. « Si je suis élu président du Sénégal, la loi criminalisant l’homosexualité sera l’une des premières que je ferai voter », a expliqué le candidat à la présidentielle de 2024 dans une série de tweets. Il invoque la religion, mais « surtout un souci de préservation de notre humanité ». Dans un pays musulman à 95 % et très pratiquant, l’homosexualité est largement considérée comme une « déviance », et sa défense comme une entreprise de l’Occident pour imposer sa vision sociale, rappelle l’AFP. Les appels à en durcir la répression ont redoublé récemment dans un contexte électoral. C’est un grand classique de la vie politique nationale. Pourtant, la loi punit déjà l’homosexualité d’une peine d’un à cinq ans de prison. Récemment, onze députés-es avaient déposé une proposition de loi qui aurait puni l’homosexualité d’une peine de cinq à dix ans de prison. Elle a été rejetée début janvier par le Parlement qui a estimé la législation existante assez sévère. De son côté, Ousmane Sonko a jugé que le texte proposé n’était pas suffisamment bien rédigé ; il se dit d’ailleurs prêt à contribuer à une nouvelle rédaction du texte. Évidemment, lorsqu’il se lance dans une surenchère homophobe, le candidat Sonko éloigne la lumière des griefs qui lui sont faits. Depuis mars 2021, il est inculpé dans une l’affaire de viols présumés et de menaces de mort. Il a d’ailleurs été placé sous contrôle judiciaire. Lui dénonce un « complot » pour torpiller sa candidature à la présidentielle de 2024.