Sérophobie : la Cour suprême du Sri Lanka rend une décision historique

12 Mai 2016
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Les militants de la lutte contre le VIH au Sri Lanka célèbrent une décision historique rendue, fin avril, par la Cour suprême du pays. Cette dernière interdit la discrimination fondée sur le VIH en milieu éducatif. Cette décision marque un pas en avant absolument capital pour la communauté des personnes vivant avec le VIH au Sri Lanka" explique Princey Mangalika, directrice exécutive du réseau sri lankais des femmes séropositives au VIH pour l'Onusida : "Je souhaite faire part de ma satisfaction à la Cour suprême". La Cour suprême a rendu sa décision en réaction à une pétition contre la violation des droits fondamentaux déposée par Chandani De Soysa en février 2016. Cette femme s’est retrouvée dans une situation difficile après le décès de son mari en septembre 2015. Chandani De Soysa était convaincue que son fils de cinq ans avait le droit d'être scolarisé et avait tenté de l'inscrire dans l'établissement local. L'administration scolaire avait refusé cette inscription en raison d'une rumeur qui circulait, selon laquelle le père de l’enfant était mort de causes liées au sida et que lui-même était séropositif au VIH. "J'ai eu l'impression de mourir en mon for intérieur quand mon enfant s'est vu refuser l'entrée à l'école et quand mes propres voisins ont eu un comportement discriminatoire envers moi, sans aucun respect humain, je me suis sentie perdue", explique Chandani De Soysa, citée par l’Onusida. Cette mère a alors décidé de faire passer un test de dépistage à son fils. Il est négatif. Elle pensait alors que l’école reviendrait sur sa position. L’école a refusé d’intégrer l’enfant tout comme d’autres écoles de la région contactées. "La décision a été difficile à prendre, mais j'ai décidé de me battre pour mon enfant. Je ne voulais pas qu'un autre parent ou enfant ait à faire face à une situation aussi insupportable", explique cette mère. Avec l'aide de l'Onusida et du réseau sri lankais des femmes séropositives au VIH, elle a alors déposé plainte et une pétition auprès de la Cour suprême. La décision de la Cour, rendue le 28 avril, stipule que le droit à l'éducation des enfants vivant avec le VIH ou touchés par le virus doit être favorisée, conformément à la directive constitutionnelle nationale relative à l'accès universel à l'éducation pour les enfants âgés de 5 à 14 ans. Mais ce qui donne satisfaction à la plaignante et à ses soutiens, c’est que la Cour suprême est allée plus loin "en rappelant à l'Etat son obligation de prendre les mesures nécessaires pour protéger, promouvoir et respecter les droits humains des personnes vivant avec le VIH". "Il s'agit de la première décision d'une juridiction d'Asie du Sud contenant une déclaration générale qui reconnaît les droits humains de toutes les personnes vivant avec le VIH et crée un précédent pour les futures affaires au Sri Lanka traitant de cas de discrimination fondée sur le VIH vécus dans des environnements autres que le milieu éducatif" pointe l’Onusida. La stigmatisation et la discrimination liées au VIH continuent d'empêcher les gens d'accéder à des services essentiels d'éducation et de santé et limitent leurs opportunités d'emploi. Des études menées par des personnes vivant avec le VIH dans 13 pays d'Asie entre 2009 et 2014 ont révélé qu'en moyenne, 12 % des personnes séropositives au VIH interrogées indiquaient avoir été victimes d'exclusion à l'occasion de rassemblements sociaux et activités collectives et 23 % disaient avoir été insultées, agressées ou menacées verbalement. Cette évolution juridique au Sri Lanka est un grand pas en avant pour les droits des personnes touchées par le VIH en Asie du Sud.