Sexisme : premier état des lieux

23 Janvier 2019
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Complet, ambitieux, fouillé, le premier état des lieux du sexisme en France du Haut conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes est sorti. Dans le communiqué qui accompagne sa sortie, le Haut conseil à l’Égalité en retient une leçon principale : il faut lutter contre une tolérance sociale qui persiste. « Le sexisme est une idéologie qui repose, d’une part, sur le postulat de l’infériorité des femmes par rapport aux hommes, et d’autre part, c’est un ensemble de manifestations, des plus anodines en apparence aux plus graves (remarques, représentations stéréotypées, sur-occupation de l’espace… jusqu’à entrave à l’avortement, viols, meurtres…) », définit le document du Haut conseil. Ce dernier explique qu’il s’agit d’une « idéologie dangereuse », par « ses manifestations et ses effets ». Il produit « de nombreux dégâts, comme par exemple un sentiment de dévalorisation, la modification de leurs comportements avec l’adoption de stratégies d’évitement, une dégradation de leur santé physique (blessures) et psychique. In fine, le sexisme, c’est la source de toutes les inégalités femmes-hommes bien connues aujourd’hui ». Le sexisme est un phénomène toujours d’actualité, très répandu et pourtant, encore très peu condamné : quatre femmes sur dix indiquent avoir dernièrement été victimes d’une injustice ou d’une humiliation du fait d’être une femme. A peine 3 % des actes sexistes qui tombent sous le coup de la loi font l’objet d’une plainte et seulement, une plainte sur cinq débouche sur une condamnation, indique le communiqué de l’institution. Les injures sexistes sont, elles, une violence du quotidien, que les femmes signalent peu à la police et que la justice condamne très (très) rarement. En 2017, 1,2 millions de femmes ont font l’objet d’une injure sexiste, soit près d’une femme sur 20. Dans 64 % des cas, l’insulte contient les mots « salope » (27 %), « pute » (21 %) ou « connasse » (16 %). Bien que passibles d’un an d’emprisonnement et 45 000 € d’amende, seules 3 % de ces injures font l’objet d’une plainte. En 2017, seulement quatre condamnations pour injures sexistes ont été prononcées. Dans la cadre de son rapport, le Haut conseil à l’Égalité appelle au lancement d’un premier Plan national contre le sexisme 2019-2022. Il repose sur cinq axes : mieux mesurer le sexisme, par le financement d’une enquête d’opinion annuelle, qui interroge notamment chacun-e sur les actes sexistes dont il ou elle est l’auteur ; faire reculer le sexisme en permettant de mieux le repérer, par des campagnes de sensibilisation, la formation des professionnels-les en particulier des médias, des arts et de la communication et par la reconnaissance d’une Journée nationale contre le sexisme ; faire reculer le sexisme en condamnant davantage les auteurs. Cela implique la formation des professionnels-les de la sécurité et de la justice ; accompagner les victimes de sexisme en renforçant les financements des associations qui les accompagnent ; garantir une action publique exempte de tout sexisme : allocation des financements publics, diplomatie féministe – notamment à court-terme par la promotion des droits sexuels et reproductifs des femmes dans le cadre du G7 - et lutte contre le sexisme dans toutes les politiques sectorielles, y compris contre le  cyber-harcèlement et les discours de haine en ligne. Ce rapport a bénéficié des contributions d’organismes comme le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc), la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) ou encore de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP).