Singapour cultive son homophobie

24 Juin 2016
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Singapour a enjoint Google, Facebook et Twitter de ne pas s'immiscer dans les affaires intérieures du pays, après un rassemblement pour la défense des droits des LGBT (4 juin dernier). Ce rassemblement était parrainé par plusieurs sociétés (BP, les banques Goldman Sachs, Barclays et J.P. Morgan). Le gouvernement ultraconservateur du pays "va prendre des initiatives pour indiquer clairement aux entités étrangères de ne pas financer, soutenir ou influencer de tels événements au Speakers' corner", a déclaré le ministère de l'Intérieur dans un communiqué, en référence à l’unique espace autorisé pour les manifestations à Singapour. Comme le précise l’AFP, cette mise en garde après le rassemblement gay annuel Pink dot intervient alors que le gouvernement de l'ex-colonie britannique adopte une position de plus en plus conservatrice à l'égard des droits des homosexuels. "La position générale du gouvernement a toujours été que les entités étrangères ne doivent pas s'immiscer dans nos affaires intérieures, en particulier les questions politiques ou les sujets sociaux controversés avec des connotations politiques", ajoute le communiqué. Le ministère a précisé qu'aucune mesure de rétorsion ne serait prise contre les entreprises étrangères qui ont parrainé la manifestation de 2016. A Singapour, il n'existe aucune loi contre les discriminations liées à l'expression ou l'orientation sexuelle, les unions civiles entre homosexuels ne sont pas reconnues et le mariage homosexuel est interdit. Pink Dot, qui proteste contre les discriminations subies dans le pays par les homosexuels, fait pression pour l'abrogation de l'article 377a du code pénal singapourien qui considère les rapports sexuels entre hommes comme un crime. La censure des œuvres artistiques est aussi régulière. Les autorités ont ainsi décidé, 13 juin, de censurer un baiser sur les lèvres entre deux hommes dans la comédie musicale Les Misérables. La décision a été prise à la suite de plaintes de la part du public. Les producteurs de la comédie musicale ont décidé de supprimer cette séquence du spectacle après avoir été mis en garde par l'Autorité de régulation des médias (MDA) que cette scène allait à l'encontre de l'évaluation "générale" du show et donc de sa classification pour tous publics.