Singapour dépénalise l’homosexualité

31 Août 2022
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Le Premier ministre de Singapour, Lee Hsien Loong, a annoncé, dimanche 21 août, que son gouvernement allait prochainement abroger la loi criminalisant les relations sexuelles entre hommes ; un triste héritage de l'époque coloniale britannique. « Le gouvernement va abroger (la loi) et décriminaliser les relations sexuelles entre hommes. Je crois que c'est la bonne chose à faire et quelque chose que la plupart des Singapouriens accepteront désormais », a-t-il déclaré lors d'un discours de politique générale, cité par l’AFP. Le Premier ministre a précisé qu'il continuerait cependant à « défendre » le mariage comme l'union d'un homme et d'une femme.  L'article 377A du code pénal, vestige du régime colonial britannique, prévoit une peine maximale de deux ans d'emprisonnement pour les actes homosexuels. Elle n'est pas appliquée dans les faits, mais pour les défenseurs-ses des droits des homosexuels-les elle prive toujours les membres de la communauté gay de leurs droits. Les homosexuels « sont aujourd'hui bien plus acceptés » à Singapour, surtout parmi les jeunes, a-t-il souligné. L'abrogation de la loi « mettra la législation en accord avec l'évolution des mentalités et, je l'espère, apportera de l'apaisement aux Singapouriens gays », a jugé Lee Hsien Loong.  Les associations de défense des droits des LGBTQ+ ont salué cette annonce. « L'abrogation de l'article 377A est le premier pas sur la longue route qui mène vers l'égalité totale pour les personnes LGBTQ+ à Singapour », ont écrit une vingtaine d'organisations dans un texte commun. Mais « l'impact réel de l'abrogation sera déterminé par la manière dont les habitants de Singapour vont l'accepter et la prendre en compte, dans les jours et les mois qui viennent », ont-elles ajouté.  Plusieurs tentatives pour faire annuler ce texte avaient échoué ces dernières années, contrastant avec la situation des droits des homosexuels ailleurs en Asie, comme à Taïwan — le mariage homosexuel y est légalisé depuis 2019 — ou en Inde, qui a décriminalisé le sexe entre hommes en 2018. Le pourcentage de personnes qui soutiennent l'interdiction des relations homosexuelles a diminué de 55 % en 2018 à 44 % en 2022, selon une enquête réalisée en juin par l'institut Ipsos. Le 22 août, l’Onusida a salué l’annonce faite par Singapour d’abroger le paragraphe 377a du Code pénal qui criminalisait les relations sexuelles consenties entre hommes. « La fin de la criminalisation des hommes gays est une excellente nouvelle, tant pour la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre à Singapour que pour le pays dans son ensemble », a déclaré le directeur régional de l’Onusida pour l’Asie et le Pacifique, Taoufik Bakkali. « L’Onusida salue cette décision. Elle représente une étape importante pour le respect des droits humains des personnes LGBT à Singapour et la création d’une société plus ouverte, tolérante et inclusive où les gens peuvent être eux-mêmes et aimer qui ils veulent sans craindre d’être emprisonnés. Ce changement vital sauvera des vies et profitera à tout le monde, et inspirera d’autres pays à en faire de même. D’autres pays devraient rejoindre le groupe croissant de nations qui mettent fin à la criminalisation. » Pour l’Onusida, les lois qui punissent les relations sexuelles consenties entre personnes du même sexe, ainsi que la violation des droits humains des personnes LGBT, constituent un obstacle majeur à l’amélioration des résultats en matière de santé, y compris dans la riposte au VIH. « Une législation punitive favorise la stigmatisation et la discrimination à l’encontre des personnes LGBT, dissuade les personnes LGBT de demander des soins de santé par peur d’être dénoncées auprès des autorités et de faire face à des sanctions et à l’emprisonnement, et empêche les pays de mettre en place des politiques qui répondent correctement aux différentes formes que prennent les épidémies au sein de leurs populations », rappelle l’agence onusienne. Singapour rejoint une liste croissante de pays qui ont récemment décriminalisé les relations entre personnes du même sexe, notamment Antigua-et-Barbuda, le Botswana, le Bhoutan et l’Angola.