Souche résistante de shigellose

22 Mars 2023
3 759 lectures
Notez l'article : 
0
 

Dans un communiqué publié le 15 mars, l’Institut Pasteur alerte sur l’émergence en France d’une souche de Shigella sonnei hautement résistante aux antibiotiques. La shigellose est une diarrhée infectieuse aiguë causée par un groupe de bactéries appelé Shigella. Les bactéries de ce groupe sont extrêmement résistantes aux acides gastriques. Après l'ingestion, les bactéries passent de l'estomac à l'intestin grêle, où elles se multiplient. L'eau, y compris l'eau potable non traitée, peut être contaminée par la bactérie Shigella. Cela se produit lorsque des matières fécales provenant de personnes ou d'animaux infectés pénètrent dans l'approvisionnement en eau. L'amoxicilline est l'antibiotique le plus couramment prescrit en France chez l'enfant et l'adulte. Il est actif contre plusieurs espèces de bactéries responsables d'infections. Les chercheurs-ses du Centre national de référence des Escherichia coli, Shigella et Salmonella à l’Institut Pasteur qui surveillent cette bactérie sur le plan national depuis de nombreuses années, ont ainsi détecté l’apparition de souches de Shigella sonnei hautement résistantes aux antibiotiques. L’analyse des séquences du génome bactérien et les caractéristiques des cas, survenus en majorité chez des adultes de sexe masculin, suggèrent que ces souches, originaires d’Asie du Sud, se propagent notamment chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). La fréquente utilisation des antibiotiques dans les régions d’Asie du Sud et du Sud-Est d’une part, et les traitements répétés d’IST chez certaines personnes potentiellement exposées à ce risque d’autre part, augmentent le risque de la sélection de ces souches de Shigella hautement résistantes. Des études restent nécessaires pour mieux connaitre les différentes formes cliniques de cette infection et s’il existe en particulier des formes asymptomatiques permettant une plus grande dissémination de la bactérie. Des essais thérapeutiques sont également indispensables pour identifier des antibiotiques efficaces par voie orale pour traiter ces souches de Shigella hautement résistantes. « Ce constat devrait être pris en compte par les cliniciens et les laboratoires dans le cadre des consultations pour infections sexuellement transmissibles (IST), avec pratique d’un antibiogramme systématique en cas d’isolement d’une Shigelle pour une meilleure prise en charge des patients infectés par ces souches hautement résistantes », préconise l’Institut Pasteur. Ces résultats ont été publiés dans la revue Nature Communications le 26 janvier 2023.