Star et séropositif depuis 40 ans

12 Janvier 2022
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Dans chaque numéro, le magazine américain Poz consacre sa couverture et son interview à une personne vivant avec le VIH. Pour le numéro de janvier 2022, cet honneur revient à André De Shields. Acteur, chanteur, danseur, metteur en scène et chorégraphe, André De Shields est, à 76 ans, une légende de Broadway. Il a, entre autres, remporté en 2019 le Tony Award (Oscars du théâtre) du meilleur acteur dans une comédie musicale pour son rôle dans Hadestown. Celui qui se définit comme un « homme noir et queer » parle ouvertement de sa vie avec le VIH. Il se souvient comment tout a commencé en 1980 alors qu’il était en tournée avec la pièce de Broadway Ain’t Misbehavin : « J’avais des ganglions lymphatiques, mais personne ne savait ce que c’était. À l’époque, on parlait d’un « cancer gay », mais quand le VIH a été identifié [en 1983, ndlr], j’ai su que c’était ce que j’avais. Des années 80, l’artiste garde le souvenir amer d’une maladie qui n’intéressait pas grand monde : « C’était la pandémie de l’autre, celle qui tuait les personnes qui étaient considérées comme des parasites et qui méritaient de mourir. Nous comprenons aujourd’hui, avec la pandémie de Covid-19, à quel point cette façon de voir les choses était mauvaise et cruelle ». Dans cet entretien, André De Shields, explique son rapport à la mort : « Je viens d’une famille de onze enfants et j’avais 17 ans quand mon père est décédé. Je ne savais pas comment gérer la mort. Aujourd’hui, j’ai vécu les décès de neuf de mes frères et sœurs et trois de mes partenaires de vie. À chaque fois, je suis un peu plus loquace avec la mort. À chaque fois que la mort m’a dit : « Et toi ? Es-tu prêt à me rejoindre ? J’ai répondu : « Non, je ne le suis pas (…). Ce que le voyage de la vie m’a enseigné de façon métaphysique, c’est de ne pas avoir peur de la mort. Il faut la contrôler car nous allons tous mourir. Certains d’entre nous sont très conscients de notre mortalité. D’autres semblent ignorer cette fatalité jusqu’à ce que quelque chose de grave arrive, et là, c’est trop difficile à gérer. Maintenant, quand la mort me rend visite, je l’invite à boire un thé ». Une belle leçon de vie de la part d’un homme qui vit avec le VIH depuis plus de 40 ans.