Stéréotypes de genre, un danger pour la santé

22 Mars 2022
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Erreurs de diagnostic, dépistage tardif, retard de prise en charge… La faute aux stéréotypes de genre qui sont mauvais pour la santé, rapporte l’AFP (7 mars). « L'infarctus du myocarde ? Une maladie d'hommes. La dépression ? Une affaire de femmes. Dans la santé aussi, les préjugés liés au genre sont encore légion et susceptibles d'influencer le recours aux soins et la prise en charge », affirme l’Agence de presse.  C'est en se fondant sur sa propre expérience que l'historienne féministe Elinor Cleghorn a publié, en juin dernier, Unwell women : a journey through medicine and myth in a man-made world (« Femmes malades : un voyage à travers la médecine et le mythe dans un monde créé par l'homme », non traduit en français à ce jour). Cette Britannique y raconte comment la santé des femmes a constamment été mal comprise et mal interprétée à travers l'histoire. « La soi-disant nature des femmes, les représentations qu'on en a faites de créatures faibles, ont longtemps imprégné la médecine », explique la neurobiologiste Catherine Vidal.  Pour le Haut conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes français, elle a écrit un éclairant rapport sur le sujet, sorti l'an dernier : « Prendre en compte le sexe et le genre pour mieux soigner: un enjeu de santé publique ». Exemple parlant, « les femmes sont plus vulnérables que les hommes aux maladies cardiovasculaires : 56 % en meurent contre 46 % des hommes. Or l'infarctus du myocarde est encore sous-diagnostiqué chez les femmes car considéré à tort comme une maladie d'hommes stressés au travail ». La cardiologue Claire Mounier-Vehier, à l'origine de l'opération itinérante « Bus de cœur », qui vise depuis septembre à offrir un dépistage et des conseils de prévention aux femmes vulnérables, s'inquiète que 200 femmes par jour décèdent de maladies cardio-cérébro-vasculaires.  « Dans huit cas sur dix, on pourrait éviter la maladie par le dépistage », assure-t-elle.  Il faut dire que les signes annonciateurs sont parfois différents, plus sournois quand il s'agit des femmes, comme une fatigue persistante ou des troubles digestifs. Et l’AFP de poursuivre : « Mais les retards de prises en charge ou de dépistage sont parfois liés aux femmes elles-mêmes. En France, une enquête a montré qu'elles appellent le Samu en moyenne 15 minutes plus tard que les hommes, dans des cas d'infarctus. Ce qui accroît les risques de séquelles ou d'une moins bonne prise en charge ». Sur la même thématique, (re)lire notre article sur le rapport « Sexe, genre et santé » publié par la Haute autorité de santé (HAS) en mars 2021.