Syndicats médicaux : FAS critique

28 Novembre 2022
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Rapports de force. « Les syndicats de praticiens font de l’obstruction à l’accès aux soins », a tonné le collectif France Assos Santé (FAS) dans un récent communiqué (17 novembre). Motif du désaccord : le fait que des syndicats de médecins se soient opposés, à l’occasion des discussions sur le PLFSS 2023 et des négociations sur la nouvelle « convention médicale », censée régir pour cinq ans les relations entre les médecins libéraux et l’Assurance-maladie, « à plusieurs mesures favorisant l’accès aux soins ». FAS cite, entre autres, le refus des syndicats de la « régulation des installations » des médecins afin de lutter contre les déserts médicaux ou encore le refus de « l’accès directs aux paramédicaux » ou encore le refus de « l’'expérimentation de la primo-prescription par les infirmières-ers en pratique avancée (IPA) », autrement dit une forme encadrée de délégation de taches. Cette attitude agace beaucoup le collectif d’usagers-ères de la santé, qui dénonce une « attitude d’obstruction corporatiste » et réfute les « arguments fallacieux utilisés pour la justifier ». Alors que le « tout incitatif » n’a pas répondu et ne répondra pas aux besoins des populations dans les territoires, les syndicats s’opposent par principe à l’idée de réguler l’installation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux, critique FAS. Ils sont également opposés à l’idée que des infirmiers-ères en pratique avancée (IPA), dans le cadre d’un exercice coordonné (avec l’appui de médecins), puissent, à titre expérimental, exercer en accès direct, avec des compétences élargies (par exemple pouvoir primo-prescrire). « Pour quelle raison ? Il y aurait péril sur la qualité et la sécurité des soins ! », interroge FAS, qui avance ses arguments : « Les données existantes , incluant une revue de la littérature systématique menée par l’institut Cochrane tendent pourtant à démontrer que la qualité des soins de santé primaire est aussi bonne, voire meilleure quand ils sont dispensés par des infirmiers plutôt que par des médecins, et que la satisfaction des patients est plus grande ». FAS explique que « l’intérêt des usagers commande d’élargir l’offre de soins et non de la restreindre encore davantage ! » Et FAS d’interroger et d’affirmer : « Faut-il rappeler que 11,5 % des patients de + de 17 ans n’ont pas de médecin traitant ? Que se passe-t-il aujourd’hui concrètement pour les usagers dans les territoires ? L’accès aux soins se dégrade, lentement, mais sûrement : délais de consultation rallongés, refus de prise en charge de nouveaux patients, errances médicales, retards dans les prises en charge, etc. » Pour le collectif, « l’accès aux soins des usagers est donc pris en otage par des syndicats de praticiens dans ces négociations conventionnelles à peine commencées et déjà quittées.  Les 5 ans à venir vont être les futures années noires de l’accès aux soins si des mesures d’ampleur ne sont pas prises ». France Assos Santé « exhorte donc les syndicats de praticiens à prendre la mesure de la gravité de la situation et à faire preuve de responsabilité dans les débats sur le PLFSS et les négociations conventionnelles. Il est urgent de mettre en place des solutions organisationnelles, appuyées sur des structures d’exercice coordonné et favorisant le transfert de compétences, pour que les usagers aient accès à une équipe traitante ». À suivre.