Tabac et VIH : une aide pour arrêter

1 Octobre 2020
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Un tiers des personnes vivant avec le VIH qui fument souhaite une aide pour arrêter. La consommation de tabac chez les personnes vivant avec le VIH est largement supérieure à celle observée en population générale. Elle est associée à la survenue de complications cardiovasculaires et de cancers. Partant de ce constat, une équipe de chercheurs-ses de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP) à Paris, menée par la Professeure Karine Lacombe, a voulu évaluer l’intérêt d’une prise en charge spécifique du tabagisme dans le cadre de l’ETP (éducation thérapeutique du patient). Pendant une semaine, du 27 janvier 2020 au 03 février 2020, un questionnaire a été remis à 137 personnes vivant avec le VIH consultant dans le même service. Parmi elles, 50 (une majorité d’hommes), soit 36,5 %, se déclaraient fumeuses actives et 30/87 (35 %) anciennes fumeuses. La majorité (44/50) fume moins de 20 cigarettes par jour. Parmi les motivations pour arrêter de fumer les cinq principaux motifs sur dix proposés sont : préserver ma santé (39/50), faire des économies (28/50), mieux me sentir (25/50), retrouver du souffle (25/50), me délivrer de la dépendance (pas de données chiffrées sur ce critère). Parmi les fumeurs-ses actuels-les, 34/50 ont déjà arrêté, dont la moitié plusieurs mois, sans accompagnement spécifique.  La majorité des personnes qui fument déclarent ne pas aborder le tabagisme avec leur médecin (65 %). Un tiers des personnes est demandeur d’une aide dans le cadre de l’ETP. L’autre volet de ce questionnaire était destiné à évaluer les connaissances des médecins sur le tabagisme. Il montre que plus de 40 % des médecins sous-estiment le rôle du tabac dans la part des décès, dans la survenue de cancers et le risque d'infarctus du myocarde. A contrario, ils-elles surestiment le pourcentage d’arrêt spontané de la consommation sans aide. Tous-tes sont d’accord pour adresser leurs patients-es à la consultation d ’ETP. En conclusion, cette évaluation montre que malgré de bonnes connaissances sur les complications du tabagisme, 36,5 % des personnes sont fumeuses actives. Une majorité d’entre elles trouve des bénéfices potentiels à l’arrêt et un tiers souhaite une aide dans une perspective de sevrage. La formation et la mise en place d'interventions brèves en tabacologie dans le cadre de l’ETP pourraient permettre un meilleur repérage et une prise en charge adaptée et personnalisée.