Tabac : un dépistage utile chez les PVVIH

14 Décembre 2019
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Dans certains pays, un dépistage systématique du cancer du poumon (par scanner faible dose) est organisé à partir de 55 ans, lorsque la consommation de tabac excède 30 paquets par année, rappelle un article de la docteure Amandine Gagneux-Brunon pour La Lettre de l’infectiologue. Assez logiquement, ce dépistage précoce est associé à une meilleure survie, puisqu’il permet d’anticiper les mesures à prendre comme l’arrêt du tabac ou la baisse de la consommation. Ce dépistage précoce est d’autant plus intéressant chez les personnes vivant avec le VIH que le « cancer du poumon est le premier cancer responsable de décès en France », chez les personnes avec le VIH. Comme le rappelle le docteur Alain Makinson (CHU de Montpellier), un spécialiste du VIH et des cancers liés au tabac : les cancers du poumon semblent se déclarer, en moyenne entre trois et quatre ans plus tôt, qu’en population générale. Dans cette étude, le docteur Alain Makinson et ses collègues se sont attachés à évaluer la performance de ce type de dépistage, en modélisant les divers paramètres en créant dix-huit scénarios différents faisant varier l’âge de début, l’âge de fin de ce dépistage et le niveau de consommation de tabac, à partir des données épidémiologiques de la cohorte ANRS-CO4-FHDH (c’est la base de données hospitalières française sur le VIH), explique la docteure Gagneux-Brunon. Les données de plus de 77 000 patients-es entre 2012 et 2016 ont été prises en compte. Durant cette période, 1 742 décès se sont produits, dont 156 décès étaient attribuables à un cancer du poumon. « En 2012, l’âge médian des patients était de 46 ans, et près de 50 % des patients étaient fumeurs ou anciens fumeurs. Pendant la période, 285 patients ont été diagnostiqués avec un cancer du poumon », indique La Lettre de l’infectiologue. Selon les calculs des chercheurs-euses, et en appliquant les critères de dépistage en vigueur en population générale, seulement 30 % des cancers auraient été diagnostiqués précocement, mais si on avait commencé la proposition systématique de dépistage dès 45 ans : ce sont 60 % des cancers qui auraient pu être diagnostiqués précocement. « En abaissant à la fois l’âge de dépistage à 45 ans et la consommation à 20 paquets/année, 74 % des cancers auraient pu être identifiés », indique Amandine Gagneux-Brunon. Du coup, les auteurs-res préconisent un dépistage systématique à partir de 45 ans et d’une consommation de vingt paquets par année chez les personnes vivant avec le VIH. L’article pointe, très justement, que « le dépistage systématique n’est pas encore recommandé en France ».