Taxe UNITAID : Air France demande un moratoire

13 Mai 2015
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Les dirigeants de la compagnie aérienne Air France et de sa maison-mère, le groupe franco néerlandais Air France-KLM, ont demandé au gouvernement un moratoire sur la taxe de solidarité sur les billets d'avion, dite "taxe Chirac", dans un courrier dont l'AFP a obtenu une copie (4 mai). "Nous vous demandons un moratoire sur la collecte en France de la taxe de solidarité", demandent Alexandre de Juniac, PDG d'Air France-KLM, et Frédéric Gagey, patron d'Air France, dans une lettre adressée au ministre des Finances, Michel Sapin, et aux secrétaires d'Etat chargés du Budget et des Transports, Christian Eckert et Alain Vidalies. Les deux dirigeants affirment que cette taxe sur les billets d'avion, créée en 2006 à l'initiative de l'ancien président de la République Jacques Chirac, "représente chaque année un coût supplémentaire de 90 millions d'euros" pour les compagnies aériennes françaises, "ce qui affecte directement leur compétitivité face à la concurrence des opérateurs étrangers". Bien évidemment, ils oublient de signaler au passage que cette taxe s’applique sur tous les vols au départ de la France et concerne donc l’ensemble des compagnies aériennes opérant depuis la France. La taxe de solidarité, appliquée par une dizaine de pays dans le monde dont la France, est la principale ressource de l'organisation internationale Unitaid, qui finance la lutte contre les grandes pandémies (sida, paludisme, tuberculose) dans les pays pauvres. Unitaid possède "une réserve financière de 706 millions de dollars (environ 630 millions d'euros, ndlr) et pourrait donc poursuivre ses actions humanitaires (...) pendant 5 ans sans collectes supplémentaires", estiment Alexandre de Juniac et Frédéric Gagey, qui s'appuient sur un article du mensuel "Capital", hostile à la dite taxe : "Taxe Chirac sur les billets d’avion : comment les Française se font avoir". Le dernier rapport annuel d'Unitaid, disponible sur son site Internet confirme que cet organisme a versé moins de 1,4 milliard de dollars sur plus de 2,2 milliards perçus de 2006 à fin 2013, la France contribuant pour près de 60 % à ce budget. Toujours selon ce rapport, compte tenu des subventions accordées jusqu'en 2017 et des frais de fonctionnement, les "fonds disponibles pour de nouveaux projets" s'établissaient à 340 millions de dollars fin 2013 (303 millions d'euros). La "taxe Chirac" a généré 64 % des recettes d'Unitaid depuis sa création. En France, son montant forfaitaire, calculé selon la destination du vol et la classe du billet, a été revalorisé en avril 2014, Air France déplorant alors une "charge supplémentaire". Il y a quelques mois, Le chef des députés socialistes, Bruno Le Roux avait lancé dans un rapport plusieurs pistes pour modifier les sources de financements d’Unitaid. Il préconisait de ne plus taxer les billets d’avion, mais de mettre à contribution les banques, les assurances et la grande distribution pour alimenter la taxe de solidarité. Dans l’article de "Capital", Bruno Le Roux explique que François Hollande "n’a rien voulu savoir (…) et ne veut surtout pas que l’on remette en question l’engagement de la France".