TDS : les ONG en appellent au Premier ministre


8 Mai 2020
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Le 30 avril dernier, plusieurs organisations (Arcat, Médecins du Monde, Le Planning familial, Sidaction et AIDES) ont interpellé le Premier ministre Édouard Philippe sur la situation des travailleurs-ses du sexe. Dans leur courrier, les ONG rappellent que « les mesures de confinement et de distanciations sociales, indispensables pour lutter contre l’épidémie, ne sont pas neutres socialement ». De surcroît, le Défenseur des droits a (…) pointé combien cette situation de crise exacerbe les inégalités sociales et touche plus durement les populations les plus fragiles et les plus précaires ; celles qui ne peuvent accéder à la protection sociale, aux droits sociaux ou aux autres dispositifs de solidarité nationale. « Les travailleurs-ses du sexe font partie de ces populations particulièrement fragiles et font face, depuis le début de cette crise sanitaire, à des conditions de vie fortement dégradées mettant en danger leur santé », mentionne le courrier. La raison est simple : la mesure de confinement a signifié un arrêt brutal de leur activité entraînant de fait une baisse drastique de leurs revenus ». Comme on l’a vu depuis le début de la crise sanitaire, il existe bien des « dispositifs de compensation d’urgence ou de droit commun (maintien des prestations sociales, prolongation des titres de séjour, versement d’une aide exceptionnelle de la CAF, prolongation de la trêve hivernale et ouverture de places d’hébergement) » et des « réponses plus spécifiquement destinées aux personnes exerçant le travail du sexe (protocole départemental de mise à l’abri des victimes, remise en route des commissions départementales pour l’examen de parcours de sortie de prostitution et information à destination des travailleuses du sexe) ». Mais notent les ONG, ces dispositifs et mesures « ne permettent actuellement pas de limiter ces dommages car la plupart (des personnes concernées, ndlr) ne peut y accéder, ne répondant pas aux critères exigés ».  Conséquence, cela « les condamne, pour les plus précaires, à un basculement dans la grande pauvreté. Un grand nombre d’entre elles et eux ne parviennent ainsi aujourd’hui plus à subvenir à leurs besoins primaires : se nourrir, se loger, se laver, se soigner ». Pour leur venir en aide, des associations communautaires et/ou de santé communautaire se sont adaptées pour poursuivre des actions de terrain (maraudes, etc.) et maintenir un accueil physique, qu’elles couplent maintenant à des distributions alimentaires et de produits de première nécessité. Ces actions sont souvent réalisées sur leurs fonds propres, ou grâce à la générosité citoyenne, notamment par le biais de cagnottes solidaires. Mais si des citoyens-nes et des associations se sont mobilisés, l’État, pourtant sollicité à maintes reprises, n’a rien mis en place. Et pourtant affirment les ONG, cette « grande précarité risque de contraindre certains-es travailleurs-ses du sexe à reprendre leur activité dans une clandestinité renforcée. Ce risque nous inquiète tout particulièrement, nous associations de santé, puisque qu’il conduira à une plus grande exposition des travailleurs-ses du sexe au Sars-CoV-2, mais également au VIH et aux autres IST ». « Si le travail du sexe n’est pas en soi un facteur de risque d’infection au VIH, ni d’exposition aux violences, les conditions d’exercice et les vulnérabilités actuelles des travailleurs-ses du sexe en France le sont. Celles et ceux qui n’ont d’autres choix que de reprendre une activité pour survivre risquent de le faire dans un contexte de vulnérabilités accrues, où elles et ils ne seront que peu en capacité de négocier leurs conditions d’activité. Le droit à la sécurité et le droit à la santé des travailleurs-ses du sexe sont aujourd’hui profondément remis en cause. Il y a nécessité à agir pour éviter le pire ». « Nous sommes unanimes sur la nécessité pour le gouvernement de prendre sans délai des mesures interministérielles qui protègent les travailleurs-ses du sexe les plus fragiles :
 mise à l’abri ou maintien dans le logement ;
 accès à un soutien financier spécifique pour compenser l’inéligibilité aux aides sociales et mécanismes exceptionnels mis en place », expliquent les ONG. Ces dernières demandent « la création rapide d’un fonds qui permettrait d’octroyer aux travailleurs-ses du sexe les plus fragiles une aide d’urgence quel que soit leur statut au regard de l’administration. Cette aide financière doit s’inscrire au-delà du confinement, tant que la crise sanitaire et les règles induites persistent ».