TDS : l'Espagne pénalise

Les députés-es espagnols-es ont accepté mardi 7 juin d’examiner une proposition de loi sur la prostitution déposée par les parlementaires socialistes du Premier ministre Pedro Sanchez afin notamment de pénaliser les clients. Cette question divise la gauche au pouvoir. En Espagne, le travail du sexe bénéficie d’un flou juridique permettant à une multitude de maisons closes d’être autorisées ou tolérées, rappelle l’AFP. Or, il s’avère que Pedro Sanchez a promis d'« abolir » la prostitution. Mais cette initiative suscite l’opposition d’une partie de la gauche, de certains mouvements féministes et d’associations de défense des travailleuses du sexe qui prônent la régulation de la prostitution et jugent qu’une telle loi ne ferait que favoriser les réseaux de proxénètes. À l’instar de la loi de 2016 en France, la proposition de loi en cours vise en particulier à pénaliser les clients ; une disposition qui existe aussi au Royaume-Uni, en Norvège ou en Suède. Si elle est adoptée, les clients pourront être condamnés à des amendes de plusieurs milliers d’euros et à des peines de prison si le-la travailleur-se du sexe est mineur-e. Les socialistes veulent également durcir l’arsenal contre le proxénétisme, entendu comme toute forme de « domination » sur un-e travailleur-se du sexe avec des peines pouvant aller de trois à six ans de prison, contre deux à cinq actuellement, et des amendes de plusieurs milliers d’euros. Ce texte vise aussi à accorder aux travailleurs-ses du sexe le statut de victimes et les droits d’assistance qui vont avec. Créé l’an dernier, le premier syndicat espagnol de travailleuses du sexe Otras a jugé que le texte des socialistes n’était « pas abolitionniste mais prohibitionniste » et que « les interdictions créaient des mafias ». « Ces mesures nous conduisent à disparaître sans qu’aucun type d’aide ne nous soit fournie », a-t-il ajouté. Les estimations officielles vont de 45 000 à 120 000 personnes TDS en Espagne. La majorité d’entre elles en situation irrégulière.