Transmission sexuelle du VIH : l’urètre aussi est une porte d’entrée

23 Février 2013
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Une équipe de l'Institut Cochin dirigée par Morgane Bomsel vient de démontrer que, chez les hommes, l'urètre est une porte d'entrée du VIH. Elle a aussi identifié les cellules qui permettent l'entrée du VIH en jeu : il s’agit des macrophages, cellules du système immunitaire, présents dans la muqueuse de l'urètre. Ces travaux, publiés en ligne dans la revue "Mucosal Immunology", ont été réalisés avec le soutien de l'Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales. Si les mécanismes d'infection par voie rectale ou vaginale sont assez bien décrits, le mécanisme de l’infection par le pénis sont mal compris. Des études cliniques réalisées dans les années 2000 avaient montré que la circoncision réduisait de 60 % le risque d'infection chez les hommes lors de rapports hétérosexuels ; l’équipe de Morgane Bomsel avait montré que la muqueuse de la face interne du prépuce était l'une des principales portes d'entrée du VIH. Restait à déterminer les autres sites du pénis potentiellement impliqués dans l'entrée du virus. Pour ce faire, Yonathan Ganor, un des chercheurs de l’équipe de Morgane Bomsel, a utilisé des tissus de pénis issus des opérations de personnes transgenres. Les chercheurs ont testé trois régions où le VIH était susceptible d’entrer : le gland, l'extrémité de l'urètre (fossa navicularis) et la partie de l'urètre de l'intérieur du pénis. Résultat : le gland et la fossa navicularis résistent à l'infection, mais le VIH pénètre efficacement au niveau de l'urètre. C'est d’ailleurs aussi par cette zone que pénètrent de nombreux autres pathogènes transmis par voie sexuelle, comme les gonocoques ou les chlamidyae. Les macrophages, qui sont chargés d’"avaler" (phagocyter) les agents pathogènes afin, normalement, de les éliminer, sont les premiers à être envahis par le VIH. Ensuite, ces macrophages infectés quittent l'épithélium (muqueuse) et permettent au VIH de se propager. Des recherches fondamentales, qui pourraient à terme, permettre aussi l'élaboration de nouvelles stratégies de prévention. De type vaccinal, par exemple. L’équipe de Morgane Bomsel avait publié en 2011 les résultats d’un vaccin préventif prometteur dont le développement est au point mort faute de financement.