Travail du sexe : nouvelle manifestation devant le Sénat contre la pénalisation des clients

3 Juin 2014
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Une cinquantaine de travailleuses et travailleurs du sexe ont manifesté (2 juin) devant le Sénat, indique l’AFP. Les manifestant-e-s entendaient dénoncer les associations abolitionnistes qui, selon elles, font "l’amalgame entre prostitution et traite des êtres humains". Les manifestant-e-s craignent que la pénalisation des clients, prévue dans le texte déjà voté à l’Assemblée nationale en décembre 2013, ne précarise encore davantage leur situation. La proposition de loi qui concerne la lutte contre le système prostitutionnel doit passer prochainement devant la Haute assemblée, mais aucune date n’est prévue à ce jour. Aux cris de "Clients pénalisés = putes assassinées" et "On est putes, on est fières, Belkacem, c’est la guerre", en référence à la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, qui soutient le texte, les manifestant-e-s ont fustigé une loi qui va "précariser davantage" les prostituées. Ce rassemblement, à l’appel de plusieurs associations de défense des travailleurs et travailleuses du sexe, était organisé dans le cadre de la Journée mondiale pour les droits des travailleurs du sexe. Le texte de la proposition de loi (PS) est actuellement examiné par une commission spéciale du Sénat, mais n’est pas encore programmé en séance. La commission doit notamment auditionner la ministre des Droits des femmes puis rédiger son rapport. Du coup, personne ne sait (même si les pressions des abolitionnistes et de certains parlementaires, les sénateurs communistes, sont fortes) si le texte pourra être inscrit aux débats avant l’été. Dans l’expectative, les associations non abolitionnistes n’entendent pas laisser la place à leurs opposants. "Les abolitionnistes, mentent sur la traite des êtres humains pour justifier la pénalisation des clients", en faisant "l’amalgame entre prostitution et traite des êtres humains", a expliqué Thierry Schaffauser, du Syndicat du travail sexuel (STRASS), cité par l’AFP. "Toutes les prostituées étrangères ne sont pas victimes de la traite", a-t-il ajouté, mais pour celles qui le sont, "la pénalisation des clients va rendre encore plus difficile leur identification, si elles sont encore plus cachées" par les réseaux de proxénètes, a-t-il insisté.