Travail du sexe : pression pour un débat rapide au Sénat

6 Juin 2014
1 076 lectures
Notez l'article : 
0
 

Manifestement, ça (re) commence à chauffer un peu sur la proposition de loi contre le système prostitutionnel. Partisans et opposants à la proposition de loi se sont affrontés verbalement (28 mai) près du Sénat à Paris, les premiers réclamant le passage rapide du texte devant la haute assemblée et les autres son retrait, selon une journaliste de l'AFP.  A l'appel de 59 associations de lutte contre les violences sexuelles et sexistes, environ 80 personnes se sont rassemblées en fin d'après-midi pour réclamer l'inscription à l'ordre du jour du Sénat, avant l'été, de la proposition de loi. Le texte, adopté en décembre 2013 par l'Assemblée nationale, est actuellement examiné par une commission spéciale du Sénat, mais n'est pas encore programmé en séance. Il prévoit notamment de punir l'achat d'actes sexuels d'une contravention de 1 500 euros, l'abrogation du délit de racolage passif institué en 2003 par Nicolas Sarkozy, et des mesures d'accompagnement social et professionnel pour celles et ceux qui veulent quitter la prostitution. Réclamant l'"Abolition de la prostitution", les manifestants ont rappelé que le gouvernement s'était engagé "à plusieurs reprises à ce que le texte soit examiné au Sénat "avant juin 2014"", a expliqué à l'AFP Grégoire Théry, du Mouvement du Nid. Face à eux, une vingtaine de manifestants réunis à l'appel notamment du Syndicat du travail sexuel (Strass) et d'Act-up Paris, opposés au texte, ont manifesté leurs désaccords aux cris de "Clients pénalisés, putes assassinées, abolo [abolitionnistes, ndlr] complices !" Ces deux associations, avec Médecins du Monde et aussi AIDES, ont par ailleurs salué (28 mai) dans un communiqué commun l'avis de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH), qui s'était prononcée la veille contre la pénalisation des clients de prostituées. De leur côté, des sénateurs communistes ont, eux aussi, réclamé (fin mai) l'inscription au calendrier du Sénat avant l'été de la proposition de loi, déjà adoptée à l'Assemblée, qui vise à lutter contre le système prostitutionnel, notamment en instaurant la pénalisation des clients. "De nombreuses auditions ont eu lieu au sein de la commission spéciale comme de la délégation aux droits des femmes également saisie", écrivent dans un communiqué Brigitte Gonthier-Maurin, Laurence Cohen et Pierre Laurent, membres du groupe Communiste, républicain et citoyen (CRC) du Sénat. "Il est temps désormais de passer à l'examen en séance !", expliquent-ils. "Certains points de la proposition de loi font débat, notamment concernant la pénalisation d'achat de services sexuels", soulignent-ils. C’est d’autant plus vrai que la Commission national consultative des droits de l’Homme vient dans un avis récent d’indiquer qu’elle y était défavorable. "Ceci ne doit pas être le prétexte pour reculer l'examen du texte aux calendes grecques", tonnent les sénateurs communistes. "Le Sénat s'honorerait de ce débat pour faire respecter la position abolitionniste de la France", écrivent-ils encore, précisant avoir "interpellé par courrier le président du Sénat" Jean-Pierre Bel (PS) "pour que la proposition de loi (...) soit inscrite à l'ordre du jour du Sénat, avant l'été".