Travail du sexe : prison pour le client ?

9 Octobre 2013
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La ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a jugé "légitime" de poser la question de la "responsabilisation" des clients des travailleurs et travailleuses du sexe, mais sans aller "nécessairement" jusqu'à une peine de prison. C’est ce que la porte-parole du gouvernement, interrogée lors de l'émission Tous politiques BFMTV/Le Point/RMC, a expliqué (29 septembre) au sujet de la proposition de parlementaires, dont la députée PS Maud Olivier, de sanctionner les clients de prostituées, par une amende au départ, éventuellement par une peine de prison en cas de récidive. "Il est un dernier acteur de l'ensemble prostitutionnel auquel on ne s'est pas intéressé pour le moment, c'est le client. Et moi j'estime que la question de la responsabilisation du client est tout à fait légitime", a déclaré Najat Vallaud-Belkacem. "Nous sommes en train d'y travailler avec la délégation aux droits des femmes qui a proposé cette loi. Ce sont les modalités qui restent à définir", a-t-elle précisé. "Les parlementaires ont proposé une pénalisation. Qui dit pénalisation dit y compris peine de prison, mais d'autres possibilités existent, l'amende, le stage de responsabilisation... Il est d'autres manières de procéder que nécessairement la peine de prison", a-t-elle estimé. Par ailleurs, la ministre a confirmé l’abrogation du délit de racolage passif.

Commentaires

Portrait de frabro

C'est une belle hypocrisie que de faire une loi qui pénalise le client tout en supprimant le délit de raccolage passif. Pénaliser le client, c'est mettre en place de facto une prohibition de la prostitution qui conduira celle-ci à se dissimuler en mettant en danger de plus en plus les prostitué(e)s. Le racolage deviendra donc permis pour les travailleurs du sexe à condition qu'ils n'aient plus de clients...

J'adore le terme de "responsabilisation", qui cache ici le grand retour de la morale pudibonde et qui met en place des mesures qui sont autant de cautères sur des jambes de bois.

La ministre de la justice met en place les mesures alternatives à la prison, donc on va instaurer pour les clients des prostituées des peines de prisons innaplicables : où est la logique de ce sytème ?

J'attends de voir le contenu des "stages de sensibilisation" et je me demande en quoi ils vont consister : initiation à la branlette ? Cours de fidélité au conjoint légitime ? Prône de l'abstinence ? 

Il n'y a rien de bon à attendre de la pénalisation du client. Les pouvoirs publics feraient mieux de se pencher sérieusement sur les programmes de soutien psycho-social des personnes souhaitant librement sortir de la prostitution, mesure qui figure dans le rapport cité ci-dessus mais dont on ne parle guère. Sans doute que la pénalisation du client fait plus d'audience pour les médias et plus de voix pour les politiques.

Portrait de jean-rene

Je suis tout à fait d'accord avec Frabro.

Pourquoi pénaliser des clients qui, voulant avoir un rapport sexuel tarifé, s'adressent à des personnes qui ont choisi librement de répondre à cette demande ?

La vétitable question est : "Comment s'assurer que la personne qui vend son corps, le fait de façon totalement libre ?", et "Comment protéger une telle personne des clients qui exigent d'elle ce qu'elle ne souhaite pas leur accorder ?".

Tout le reste est idéologie inapplicable.

Portrait de Muffin64

Juste de rajouter que les prostitues jouent le rôle aussi d'éducation a la sexualité, de psy, de maman ou parfois d'assistante sociale. Le problème est que l'on considère toujours la sexualité comme sale ou dégradant. Les différent gouvernements avaient proposé aussi des services gratuit pour certains handicapes. Qu'en est-il en 2013?