Travail et stigmatisation

17 Octobre 2018
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Près d'une personne sur quatre déclare avoir déjà fait l'objet au travail de propos ou comportements stigmatisants, et ces personnes se sentent souvent dévalorisées, selon une enquête publiée, fin septembre, par le Défenseur des droits et l'Organisation internationale du travail (OIT). Un quart des personnes ont répondu avoir fait « l'expérience de propos et comportements sexistes, homophobes, racistes, liés à la religion, au handicap ou l'état de santé » lors des cinq années ayant précédé cette enquête, réalisée en France en 2016 auprès de 3 551 personnes dans la population active, indique l’AFP.  « Ces attitudes hostiles sont rapportées comme très fréquentes dans 5 % des cas et peu fréquentes dans 20 % des situations », selon ce « baromètre de la perception des discriminations dans l'emploi ».  Il s’agit de données moyennes qui masquent de fortes disparités selon les groupes de personnes interrogées : les femmes perçues comme non-blanches et celles en situation de handicap sont parmi les plus exposées. Ainsi, « les femmes de 18 à 44 ans perçues comme non-blanches sont plus d'une sur deux à rapporter de tels agissements », tout comme « 43 % des femmes en situation de handicap », « 40 % des hommes homosexuels ou bisexuels », « 40% des hommes de 18 à 34 ans perçus comme non-blancs ». A l'inverse, cette situation touche (seulement) « 11 % des hommes de 35 à 44 ans perçus comme blancs ». Comme le précisent les deux organismes, ces expériences vont souvent de pair avec des situations de dévalorisation du travail (rapportées par une personne sur deux), et de discrimination (rapportées par une personne sur trois).  Ainsi, 86 % des personnes rapportant un propos ou un comportement stigmatisant déclarent avoir expérimenté également une discrimination et/ou une forme de dévalorisation de son travail (attribution de tâches ingrates, sous-estimation des compétences professionnelles, etc.). « Loin de se résumer à des actes isolés, une part significative de la population en a déjà fait l'expérience (de la stigmatisation), la plupart du temps dans un contexte d'hostilité professionnelle incluant des expériences de discrimination et de dévalorisation du travail », conclut l'étude. Les auteurs-es rappellent que les personnes subissant à la fois les trois attitudes (stigmatisation, discrimination, dévalorisation) ont la possibilité de saisir la justice ou le Défenseur des droits pour « harcèlement discriminatoire ».  Cette qualification peut mettre l'employeur « en situation de devoir expliquer les procédures mises en place pour prévenir ces situations et les mesures prises pour les faire cesser lorsqu'elles  se produisent », expliquent-ils.